Académie Royale de Langue et de Littérature Françaises de Belgique
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Alphonse Bayot

Alphonse Bayot / Photo © ARLLFB Membre belge philologue du 12 novembre 1921 au 8 juillet 1937.
Successeur : Joseph Bastin
Fauteuil 15


BIOGRAPHIE

Alphonse Bayot naît le 25 septembre 1876 à Chapelle-lez-Herlaimont, où il fréquente l'école primaire. Après des études moyennes dans des collèges, successivement à Chimay, à Tournai et à Charleroi, il s'inscrit à l'Université de Louvain, en philologie romane. En 1898, il obtient le titre de docteur, avec la plus grande distinction. Avec la bourse de voyage que lui a valu sa thèse, il complète sa formation de romaniste en suivant les cours et les séminaires de Fœrster à Bonn, de Meyer, de Gaston Paris, de Morel-Fation, de Thomas, de l'abbé Rousselot, de Petit de Julleville et de Faguet à Paris, de Jeanroy à Toulouse et de Rajna et Mazzoni à Florence. En 1903, il est attaché à la section des manuscrits de la Bibliothèque royale. L'année suivante, il devient professeur à l'Université de Louvain, où il enseigne la grammaire comparée des langues romanes; en 1911, il est chargé, en outre, du cours d'encyclopédie de la philologie romane et, après la première guerre mondiale, des cours d'histoire des littératures modernes et d'explication d'auteurs italiens, espagnols ou provençaux. En dehors de l'université, il enseigne les littératures modernes à l'École de jeunes filles à Bruxelles et est professeur d'italien à l'Institut supérieur de commerce à Anvers en 1908.

Sa thèse est consacrée à une légende anciennement répandue dans le Hainaut, celle du chevalier aux deux femmes. Elle est intitulée «Le Roman de Gillion de Trazegnies» et paraît dans le Recueil des travaux publiés par les membres des conférences d'histoire et de philologie (de Louvain) en 1903, à Louvain et à Paris.

Durant ses années passées à la Bibliothèque royale, Alphonse Bayot rédige, avec une remarquable précision et beaucoup d'esprit critique, maintes notices sur des manuscrits. Il porte son attention sur des fragments de textes littéraires conservés aux Archives générales du Royaume et explore les Archives de Belgique. La Revue des bibliothèques et archives de Belgique a publié ces notices.

Dès 1906, il publie une reproduction photocollographique de l'unique manuscrit d'une des plus anciennes épopées françaises, Gormont et Isembart, avec une transcription littérale. Il élargira son travail sur ce fragment de chanson de geste du XIIe siècle pour la collection des «Classiques français du Moyen Âge», en 1914 (avec une 2e édition en 1921 et une 3e édition en 1931). Alphonse Bayot y ajoutera une savante introduction, des notes explicatives et une reconstitution du texte primitif dégagé de sa teinte anglo-normande.

En 1908 paraissent une importante synthèse sur La légende de Troie à la cour de Bourgogne et une notice sur le manuscrit des Mémoires de Jean de Haynin, qui constitue un complément indispensable à l'édition de D.D. Brouwers parue en 1905.

Dès 1907, Alphonse Bayot accepte de collaborer avec l'historien liégeois de Borman à l'édition des œuvres de Jacques de Hemricourt. Celle-ci exigera plusieurs années de labeur et une documentation immense. Un premier volume, contenant Le Miroir des nobles de Hesbaye, qui est un traité de généalogie régionale, paraît en 1910. Le texte est rétabli par les soins d'Alphonse Bayot et est accompagné de notes historiques de Borman. L'impression de la suite est interrompue par la guerre.

Dans une enquête sur Le voyage de saint Brendan dans les légendiers français (1914), il essaie de déterminer les rapports qui unissent les diverses copies de la légende, en se fondant uniquement sur la critique du texte.

Pendant l'occupation, Alphonse Bayot se comporte en excellent patriote, propagateur d'une résistance ferme et confiante. Il est privé de sa chaire à l'université, mais il fait des conférences et des leçons publiques pour soutenir le moral des gens. On fera appel à sa haute compétence au moment de négocier avec l'ennemi vaincu les équivalents des livres et des manuscrits disparus dans l'incendie de la Bibliothèque de Louvain.

Il est élu membre de l'Académie royale de langue et de littérature françaises au titre philologique le 12 novembre 1921 et membre de la Commission royale de toponymie et de dialectologie en 1927.

Alphonse Bayot est aussi l'auteur de nombreux articles sur des mots du wallon ancien. À l'époque, ces articles (publiés dans le Bulletin du Dictionnaire wallon) ont été accueillis très favorablement par Jean Haust. Il s'est occupé, en outre, de quelques toponymes du Hainaut. Le Poème moral. Traité de vie chrétienne écrit dans la région wallonne vers l'an 1200, publié par l'Académie royale de langue et de littérature françaises en 1929, est l'édition complète d'un texte long de trois mille sept cent soixante-seize vers.

Il a fourni une imposante participation au troisième et dernier volume (1931) des œuvres de Jacques de Hemricourt, contenant Le Traité des guerres d'Awans et de Waroux et Le Patron de la temporalité. L'édition, en collaboration avec Édouard Poncelet, qui a publié (1925) le second volume, entièrement d'ordre historique, constitue sa pièce maîtresse.

Alphonse Bayot meurt inopinément à Louvain le 8 juillet 1937. Dans ses travaux, il a manifesté une rare maîtrise d'éditeur et de commentateur de textes anciens. Il a su résoudre des problèmes très divers, qu'ils soient relatifs au classement des manuscrits, à la restauration de versions corrompues, aux formes dialectales, à l'étymologie, à la toponymie et même, à l'occasion, au folklore. Il était aussi un enseignant remarquable par la précision didactique et la clarté de ses exposés.

Après sa mort, Pierre Groult publiera, en 1943, l'édition d'un poème italien (Santa Caterina de Bonino Mombrizio, auteur du XVe siècle) qu'Alphonse Bayot avait en chantier.

– Reine Mantou



BIBLIOGRAPHIE

Le Roman de Gillion de Trasegnies, Louvain, Ch. Peeters; Paris, Fontemoing, 1903.

Gormont et Isembart, Bruxelles, Misch et Thron, 1906 (ééd. 1921 et 1931).

La légende de Troie à la Cour de Bourgogne, Bruges, L. De Plancke, 1908.

Martin Le Franc. L'Estrif de fortune et de vertu, Bruxelles, Œuvre nationale pour la reproduction des manuscrits à miniatures, 1928.

Le Poème moral. Traité de vie chrétienne écrit dans la région wallonne vers l'an 1200, Bruxelles, Académie royale de langue et de littérature françaises, 1929.



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