Académie Royale de Langue et de Littérature Françaises de Belgique
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Gérard de Cortanze
Gérard de Cortanze / Photo © Corinne Hoste, ARLLFB Membre étranger littéraire
Élu le 12 novembre 2005
Prédécesseur : Yves Berger
Fauteuil 32
BIOGRAPHIE

Gérard de Cortanze, de son vrai nom Gérard René Michel Roero de Cortanze, est né à Paris le 22 juillet 1948 au sein d’une vieille famille aristocratique piémontaise proche de la Maison de Savoie. Il a passé son enfance à Saint-Ouen dans ce qu’il a lui-même appelé le «triangle d’or», formé par le stade du Red Star, le dépôt des pneus Michelin et le fameux marché aux puces, entre un grand-père paternel, marquis désargenté, devenu chauffeur de taxi, et un grand-père maternel, maçon et accordéoniste dans les bals du samedi soir, tous les deux résistants durant la seconde guerre mondiale, tous les deux parfaitement intégrés et follement amoureux de la langue française.

L’histoire riche et mouvementée de sa famille italienne, celle de ses ancêtres, sa propre enfance et sa propre adolescence, Gérard de Cortanze les a évoquées dans un grand nombre de ses romans et de ses récits. Selon l’expression de l’écrivain allemand Winfried G. Sebald, ceux-ci relèvent presque tous de «l’autobiographie fictionnelle».

«Je suis persuadé, dit-il, qu’il est impossible, aujourd’hui, d’écrire un roman sans que l’on se découvre, et cela dans les deux sens du mot. En écrivant, je me mets à nu, et découvre sur moi, grâce à l’enquête ainsi menée, des pans de ma personnalité qui m’étaient jusqu’alors inconnus. La vérité de ce qui est raconté est donc le résultat d’un processus entre celui qui raconte et ce qu’il raconte.» À moins qu’il ne s’agisse «d’autobiographie spirituelle».

En témoignent en particulier la tétralogie romanesque comprenant Les Vice-rois (1998), Cyclone (2000), Assam (2002, prix Renaudot) et Aventino (2005), ainsi que des livres comme L’Amour dans la ville (1993), Banditi (2003), Spaghetti (2005), De Gaulle en maillot de bain (2007) ou encore Zazous (2016). Et en témoigne plus particulièrement Une chambre à Turin (2001), peut-être le plus autobiographique et en même temps le plus fictionnel des récits de Gérard de Cortanze. Ici, le narrateur est à peine entré dans la chambre d’un hôtel, où il n’est jamais venu auparavant, qu’il est assailli par un «afflux de souvenirs» et comme projeté sur d’innombrables chemins de traverse. Et voici que sa mémoire se met petit à petit à flâner, à voyager parmi les grands textes de la littérature italienne, sous la houlette de quelques-uns de ses meilleurs représentants : Cesare Pavese, dont l’univers est indissociable de Turin et du Piémont, Alberto Savinio, Alberto Moravia, Italo Stevo, pourtant natif de Trieste, mais en harmonie profonde avec les rêveries du narrateur.

Contrairement à ce que tous ces titres pourraient laisser croire, Gérard de Cortanze n’est cependant pas, et tant s’en faut, un écrivain égotiste. Il suffit de parcourir son impressionnante bibliographie — une centaine de livres — pour constater que ses curiosités et ses passions sont des plus diverses. Elles vont du baroque à Frida Kahlo, en passant par le surréalisme, la littérature espagnole contemporaine, Venise, Ernest Hemingway, Paul Auster, Antonio Saura, J. M. G. Le Clézio, Zao Wou-Ki, Gisèle Freund, Richard Texier, Carlos Fuentes, le cinéma de Jean Cocteau ou encore les romans de Pierre Benoit, dont il écrit la biographie «paradoxale» en 2012. Sans oublier les Sixties, ces années «sans peur et sans reproche» qui l’ont fortement marqué (elles lui ont inspiré un important Dictionnaire amoureux des Sixties en 2018), et le sport, que ce soit les 24 Heures du Mans, le tennis ou l’athlétisme, qu’il a pratiqué avec assiduité au Racing club de France (quatre cents mètres, puis huit cents mètres). Sans oublier non plus la poésie dite d’avant-garde, dont relève le tout premier de ses livres paru en 1973, Altérations. En essayant de le lire, sa mère, qui descend, elle, du célèbre bandit napolitain Fra Diavolo, s’exclamera : «Comment peut-on écrire des choses pareilles, on n’y comprend rien!»

Homme immergé parmi les livres, Gérard de Cortanze a aussi été éditeur dans diverses maisons d’édition françaises telles que Flammarion, La Différence, Hachette Littérature, Acropole (où il a publié notamment Anthony Burgess, Tony Morrison et Russel Banks), les Éditions des Femmes (il y a publié des oeuvres de la prosatrice brésilienne Clarisse Lispector), Ramsay (sous le double nom Ramsay/de Cortanze), Plon (où il fait paraître des romans de son ami Fernando Arrabal et les écrits complets de Luis Bunuel) et Albin Michel (où, membre du comité de lecture, il a notamment publié Tatiana de Rosnay, Alexis Michalik, Gérard Mordillat, Victoria Mas…).

En 2005, il a par ailleurs lancé chez Gallimard une collection de biographies inédites publiées directement en livre de poche (sous le label Folio) et vendues à un prix modique, comportant chacune une chronologie détaillée, une bibliographie, un appareil de notes ainsi qu’un cahier de documents iconographiques en couleurs. Leur succès a été immédiat, sans doute parce que les femmes et les hommes biographiés appartiennent à toutes les époques, à tous les pays et à tous les domaines.

À côté de son travail d’auteur et d’éditeur, Gérard de Cortanze s’est également adonné à la critique (il a collaboré, entre autres, à France Culture de 1985 à 1995 et au Figaro littéraire de 1992 à 2007) et a écrit des pièces de théâtre. Lauréat de nombreux prix littéraires, dont le prix Paul Féval en 2009 pour Indigo, le prix Méditerranée en 2014 pour L’An prochain à Grenade et le prix Historia en 2019 pour Femme qui court, il est lui-même membre de plusieurs jurys littéraires et, depuis 1995, le président du prestigieux prix Jean Monnet des littératures européennes, dans le palmarès duquel figurent Patrick Modiano, Harry Mulisch, William Boyd, Danièle Sallenave, Sylvie Germain, Claudio Magris, Hans Magnus Enzensberger, Erri De Luca ou Dominique Fernandez.

Gérard de Cortanze est élu membre étranger au titre littéraire à l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique le 12 novembre 2005. Le premier à avoir occupé son fauteuil est Gabriele D’Annunzio, de 1921 à 1938.

– Jean-Baptiste Baronian



BIBLIOGRAPHIE

Altérations, poésie, Éditions d'Ateliers 1973.

Au seuil : la fêlure, poésie, PJO, 1974.

Huidobro / Altazor / Manifestes, anthologie, Champ Libre, 1976.

America libre, anthologie, Seghers, 1976.

Le livre de la morte, roman, Aubier-Montaigne, 1980.

U. Cenote, poésie, Alain Anseuw éditeur, 1980.

Los Angelitos, poésie, Richard Sébastian Imprimeur, 1980.

Une anthologie de la poésie latino-américaine, anthologie, Publisud, 1983.

Les enfants s'ennuient le dimanche, roman, Hachette, 1985 (rééd. Actes Sud, coll. «Babel», 1999.

Le surréalisme, essai, MA éditions, 1985 (rééd. augmentée : Le monde du surréalisme, Veyrier, 1991).

Littératures espagnoles contemporaines, anthologie, Éditions de l'Université Libre de Bruxelles, 1985.

La Muerte solar, poésie, Pre-textos, 1985.

Giuliana, roman, Belfond, 1986 (rééd. Le Livre de poche, 1987 ; rééd. Actes Sud, coll. «Babel», 1998).

La mémoire de Borges, essai, Dominique Bedou, 1987.

Le Baroque, essai, MA éditions, 1987 (rééd. augmentée : Promenades baroques, Éditions de l'Arsenal, 1995).

Jours dans l'échancrure de la nuque, poésie, La Différence, 1988.

Elle demande si c'est encore la nuit, roman, Belfond, 1988.

Cent ans de littérature espagnole, anthologie, La Différence, 1989.

La Porte de Cordoue, poésie, La Différence, 1989.

Antonio Saura, l'exil biographique, essai, La Diférence, 1990.

Tobiasse ou le patient labyrinthe des formes, essai, La Différence, 1992.

L'Amour dans la ville, roman, Albin Michel, 1993 (rééd. Le Livre de poche, 1996).

Espanas y Américas, essai, La Différence, 1994.

Antonio Saura, essai, La Différence, 1994.

Ateliers d'artistes, essai, Le Chêne, 1994.

L'Ange de mer, roman, Flammarion, 1995.

Dossier Paul Auster, essai, Anagrama, 1996.

Le New York de Paul Auster, essai, Le Chêne, 1996.

La Solitude du labyrinthe. Entretiens avec Paul Auster, Actes Sud, 1997.

Le Madrid de Jorge Semprun, essai, Le Chêne, 1997.

Hemingway à Cuba, essai, Le Chêne, 1997 (rééd. Gallimard, coll. «Folio», 2002).

Zao Wou-Ki, essai, La Différence, 1998.

Les Vice-Rois, roman, Actes Sud, 1998 (rééd. Actes Sud, coll. «Babel», 2000; rééd. J'ai lu, 2002).

Jean-Marie Gustave Le Clézio : le nomade immobile, essai, Le Chêne, 1999 (rééd. Gallimard, coll. «Folio», 2002).

Le Mouvement des choses, poésie, La Différence, 1999.

Cyclone, roman, Actes Sud, 2000 (rééd. Actes Sud, coll. « Babel », 2002).

L'acier sauvage (avec des photos de Hélène Moulonguet), essai, Actes Sud, 2000.

Philippe Sollers ou la Volonté de Bonheur, essai, Le Chêne, 2001.

Une chambre à Turin, roman, Éditions du Rocher, 2001 (rééd. Gallimard, coll. «Folio», 2002).

Assam, roman, Albin Michel, 2002.

Le temps revient, théâtre, L'avant-Scène, collection «Des Quatre Vents», 2002.

Banditi, roman, Albin Michel, 2003.

Jorge Semprun, l'écriture de la vie, essai, Gallimard, coll. «Folio», 2004.

Paul Auster's New York, essai, Le Livre de Poche, 2004.

Long-courrier, essai, Éditions du Rocher, 2005.

Aventino, roman, Albin Michel, 2005 (rééd. LGF, 2007).

Spaghetti!, roman, Gallimard, coll. «Haute Enfance», 2005.

Laura, roman, Plon, 2006; rééd. Gallimard, coll. «Folio», 2008.

L'Atelier intime, essai, Éditions du Rocher, 2006.

Miss Monde, mémoires, Gallimard, coll. «Haute Enfance», 2007.

Méli Mélo a la tête à l'envers, illustrations de Lucie Durbiano, jeunesse, Gallimard-Jeunesse, coll. «Folio cadet», 2007.

Paris portraits, textes de Claude Arnaud, Elisabeth Barillé, Gérard de Cortanze, Daniel Maximin, récits de voyages, Gallimard, coll. «Folio. Senso», 2007.

Le goût de Turin, textes choisis et présentés par Gérard Roero di Cortanze, anthologie, Mercure de France, coll. « Le petit Mercure. Le goût de...», 2007.

De Gaulle en maillot de bain, roman, Plon, Paris, coll. «Littérature française», 2007.

Sollers : vérités et légendes, biographie, Gallimard, coll. «Folio», 2007.

Une gigantesque conversation, essai, Monaco, Rocher, coll. «Littérature», 2008.

Gitane sans filtre, mémoires, Gallimard, coll. «Haute Enfance», 2008.

Indigo, roman, Plon, 2009.

J.-M.G. Le Clézio, essai, Textuel, 2009;

La belle endormie, roman, Le Serpent à plumes, 2009.

J.-M.G. Le Clézio, essai, Gallimard, 2009.



E-BIBLIOTHÈQUE

J.-M. G. Le Clézio : une littérature de l'envahissement (PDF 64Ko)
Communication à la séance mensuelle du 13 juin 2009



DISCOURS DE RÉCEPTION (séance publique du 25 février 2006)

Discours de Jean-Baptiste Baronian (PDF 102Ko)

Discours de Gérard de Cortanze (PDF 96Ko)



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