Académie Royale de Langue et de Littérature Françaises de Belgique
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Hilaire Duesberg

Hilaire Duesberg / Photo © Le Soir (Bruxelles) Membre belge littéraire du 8 novembre 1952 au 10 mars 1969.
Prédécesseur : Henry Carton de Wiart
Successeur : Charles Moeller
Fauteuil 1

Biographie

Né à Verviers le 29 août 1888, Hilaire Duesberg, cousin d'Henri Pirenne, est issu d'une famille vouée à l'industrie du textile; par sa mère, il est d'origine allemande et sa pratique de la langue germanique lui sera d'un apport précieux. Il grandit dans un milieu intellectuel; son frère aîné deviendra recteur de l'Université de Liège et ministre de l'Instruction publique. Le futur moine effectue ses études dans un collège de jésuites de sa ville natale. À l'âge de huit ans, il est victime d'un accident de vélo. Il en gardera une faiblesse permanente à la main droite, ainsi que de fréquents vertiges. Attiré par la vie religieuse, il entre à l'abbaye de Maredsous en 1907. Sa santé fragile ne facilite pas sa vie de novice.

C'est au Mont-César, à côté de Louvain, qu'il suit les cours de théologie. Il y subit l'influence de dom Lambert Beauduin, apôtre de l'œcuménisme et partisan d'un renouvellement de la liturgie. Il achève sa formation à Rome. La Ville éternelle l'éblouit par son passé artistique et religieux. Il y est chargé d'assister le cardinal Rampolla, ancien secrétaire de Léon XIII. À Malines, le 5 août 1914, il est ordonné prêtre par le cardinal Mercier. En raison de la menace allemande qui plane sur les communautés religieuses, il reçoit la mission de faire passer les lignes ennemies à de jeunes moines de sa congrégation. C'est ainsi qu'entre 1914 et 1918, on le retrouve en France (où il fait la connaissance d'Anatole France), en Angleterre ou en Irlande.

Le premier texte édité par celui qui est devenu dom Hilaire Duesberg date de 1911. Il s'agit d'un volume d'une centaine de pages intitulé Une journée chez les moines, un intéressant témoignage sur la vie d'une abbaye bénédictine au début du siècle. À partir de 1919, il est chargé de plusieurs cours à l'École abbatiale de Maredsous. L'année suivante, le cardinal Mercier, qui doit prononcer à Rome un éloge de saint Jérôme à l'occasion du quinzième centenaire de la mort de ce dernier, fait appel à l'érudition de dom Hilaire Duesberg. Pour le remercier, le cardinal Mercier participe aux frais de séjour du moine de Maredsous à l'École biblique de Jérusalem. Ces deux ans passé sous la direction de grands spécialistes de la pensée religieuse font de lui un éminent connaisseur, dont la carrière scientifique et littéraire commence vraiment à ce moment–là. Il manifeste depuis longtemps son intérêt pour les lettres.

La bibliographie de dom Hilaire Duesberg se développe et s'amplifie à partir de 1924. Il donnera des centaines d'articles d'inspiration religieuse, philosophique ou théologique, en français, en allemand ou en latin à des revues pendant près de quarante-cinq ans, particulièrement dans les publications de Maredsous : la Revue bénédictine, Esprit et vie, Bible et vie chrétienne. Appelé partout, il donne des cours à l'intérieur de sa congrégation, mais aussi à Bruxelles, dans le cadre du futur Institut Marie Haps et à l'École des sciences philosophiques et religieuses des Facultés Saint–Louis. À Gand, il est titulaire d'une chaire de conférencier à l'École des hautes études. Il anime de nombreuses retraites et parcourt la France et l'Italie pour s'occuper du recyclage des chanoinesses de saint Augustin, ordre dont sa sœur cadette deviendra supérieure générale. Dans notre pays, entre les deux guerres mondiales, il est élu au Conseil culturel national en raison de sa compétence scientifique. Ces activités ne l'empêchent pas de remplir avec zèle les modestes fonctions d'intendant des cuisines de Maredsous.

Infatigable travailleur, dom Hilaire Duesberg publie plusieurs livres avant le début de la seconde guerre mondiale. Une Apologie... à ceux qui croient (1930) est suivi d'un opuscule sur Jésus, le chantre idéal des psaumes l'année suivante et d'un volume d'essais où il étudie notamment le personnage du roi Hérode (1932). Son œuvre maîtresse, un volumineux travail en deux tomes totalisant plus de mille pages, Les Scribes inspirés. Introduction aux livres sapientiaux de la Bible, est publiée en 1938 et en 1939. L'ouvrage sera remanié et réédité en 1965. Dans la première partie, l'auteur s'attache au Livre des Proverbes et à sa rédaction. En exégète rigoureux, il replace le texte sacré dans son cadre historique, étudie l'apport de Salomon et les influences grecques ou égyptiennes qui ont marqué les étapes de son élaboration. Le second tome est réservé à d'autres livres de la Bible : Job, l'Ecclésiaste, le Livre de la Sagesse. Au–delà de l'érudition, dom Hilaire Duesberg fait preuve d'un grand souci du style et d'une volonté de clarté de l'écriture, qualités que l'on retrouve dans toute sa production.

Pendant la seconde guerre mondiale, il passe deux ans en France où il est aumônier d'un hôpital militaire. Il continue à dispenser son enseignement. En 1942, il est en Suisse et est nommé professeur à la Faculté des lettres de Fribourg. Il revient cependant régulièrement à Maredsous. Après les hostilités, il publie encore plusieurs livres, ayant notamment pour sujet le sacrement pascal, l'apprentissage de la prédication, les valeurs chrétiennes de l'Ancien Testament, le psautier des malades, la personnalité du Christ. Il regroupe en volume un choix de ses sermons en 1948. Il traduit aussi le Livre des Proverbes et le Livre de l'Ecclésiastique.

C'est en Alsace, à Metz puis à Strasbourg, qu'il exerce encore son activité en donnant des cours dans des séminaires; il devient collaborateur régulier de la revue Humanités chrétiennes. En 1962, un double infarctus le contraint à retourner définitivement à Maredsous où il poursuit ses recherches. En 1968, paraît un recueil d'articles qui s'échelonnent de 1928 à 1967, sous le titre général Adam, père des hommes modernes. Ce volume est un hommage de sa communauté à l'occasion de ses quatre–vingt ans, mais ses amis écrivains s'y associent. Marcel Thiry en écrit l'un des textes de présentation.

Dom Hilaire Duesberg meurt à Maredsous le 10 mars 1969. Il avait été élu à l'Académie royale de langue et de littérature françaises le 8 novembre 1952.

– Jean Lacroix



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