Académie Royale de Langue et de Littérature Françaises de Belgique
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Composition


André Guyaux

Membre belge philologue
Élu le 5 avril 2014
Prédécesseur : Raymond Trousson
Fauteuil 30

Biographie

Né le 28 mars 1951 à Charleroi, la ville natale de Marcel Thiry et de Marc Wilmet, André Guyaux est le fils du journaliste Jacques Guyaux (1920-1999), qui a été le rédacteur en chef puis le directeur du Journal de Charleroi. C’est en grande partie grâce à son père qu’il découvre, très jeune, la littérature, non seulement en l’entendant souvent prononcer le nom d’Arthur Rimbaud et son célèbre poème Au Cabaret-Vert (évocation de la Maison Verte, un vieux café de Charleroi démoli en 2013), mais aussi à travers les fréquentes discussions entre lui et son rival, Pol Vandromme (1927-2009), lequel était alors le rédacteur en chef d’un autre quotidien carolorégien, Le Rappel.

En classe de sixième à l’Athénée de Tamines, André Guyaux retrouve Rimbaud après avoir été tenu d’apprendre par cœur le sonnet Ma Bohême. Il se souvient qu’à cette époque, il avait négativement réagi aux libertés que le poète ardennais avait prises avec les vers, les strophes riches en rejets et en enjambements se prêtant mal à la mémoire d’un enfant et offrant des difficultés de récitation, au rebours des harmonieux alexandrins de Boileau.

En octobre 1968, il s’inscrit en philologie romane à l’Université libre de Bruxelles. Parmi les professeurs qui le marquent, il y a Roland Mortier (1920-2015) et Albert Henry (1910-2002), dont certains des travaux relatifs à la poésie française ont précisément trait à Rimbaud. Sans le négliger, il mène toutefois à bien un mémoire de philologie médiévale sur les règlements des métiers à Mons à la fin du Moyen Âge… Il passe ensuite l’agrégation de l’enseignement secondaire, avant d’être nommé à l’école normale d’Andenne, puis de commencer une thèse sur les Illuminations de… Rimbaud.

À cette occasion, il entre en contact avec René Étiemble (1909-2002), auteur du monumental Mythe de Rimbaud (trois tomes parus en 1952, 1954 et 1961), qui lui dit que pour expliquer les poèmes des Illuminations, il est nécessaire de reconstruire l’histoire de leurs diverses interprétations et d’établir en outre une bibliographie analytique et critique de leurs commentaires. C’est ce qu’attestent son essai Poétique du fragment publié en 1985, son édition des Illuminations, la même année, et Duplicités de Rimbaud, un volume regroupant en 1991 divers articles et dont le fil rouge est, conformément au titre du livre, la dualité qui sous-tend l’œuvre et la vie de l’auteur. «J’ai gardé un excellent souvenir d’Étiemble, rapporte André Guyaux dans un entretien que publie la revue italienne L’Ombra en 2012, même si je dois avouer que je n’étais pas très assidu à son séminaire : j’ai dû m’y rendre une dizaine de fois; il se déroulait (…) dans le département de littératures comparées de Paris III, où il y avait une très belle bibliothèque (…).»

Titulaire d’une bourse du gouvernement français puis, durant cinq ans, d’un mandat du FNRS, André Guyaux prépare ensuite sa thèse à la Bibliothèque nationale, à Paris, où il suit parallèlement quelques cours et séminaires, comme ceux de Félix Lecoy, de Georges Blin et de Michel Foucault au Collège de France, de Roland Barthes à l’École pratique des hautes études, de Pierre Brunel à la Sorbonne, ainsi que le séminaire Rimbaud qu’animaient Michel Décaudin et Louis Forestier.

Il obtient en 1980 un premier poste universitaire, dans le département de littérature comparée de l’Université François Rabelais, à Tours. En février de l’année suivante, il soutient sa thèse sur les Illuminations, à la Sorbonne, et devient quelques mois plus tard professeur de littérature française dans la toute jeune Université de Haute-Alsace, à Mulhouse. Il y restera treize ans, organisant des colloques et des cycles de conférences en partenariat avec les Universités de Strasbourg, de Fribourg et de Bâle. En novembre 1984, il met notamment sur pied, en collaboration avec le musée Unterlinden de Colmar, un colloque sur Joris-Karl Huysmans et ses essais artistiques —
les prémices de ses nombreuses recherches sur cet écrivain si singulier, auquel il consacrera avec Pierre Brunel un Cahier de l’Herne en 1993 (réédité en 2019) ainsi qu’une édition des romans et nouvelles, cette fois avec Pierre Jourde, dans la «Bibliothèque de la Pléiade» en 2019. Il est du reste, depuis avril 2019, le président de la Société J.-K. Huysmans, qui a été fondée en 1927, et à ce titre en dirige le Bulletin, dont la publication est annuelle.

En 1994, André Guyaux est élu professeur de littérature française du XIXe siècle à l’Université Paris-Sorbonne. Il y fonde la collection «Mémoire de la critique». Elle lui est inspirée par l’idée que la critique littéraire, sous la forme de la chronique, de l’article de journal, de la recension, ou encore de la «causerie», pour reprendre le terme de Sainte-Beuve, ou de la «promenade», pour reprendre celui de Remy de Gourmont, a connu son âge d’or au XIXe siècle. Dans cette nouvelle collection, il publie en 2007 deux volumes sur Charles Baudelaire, le premier s’attachant aux multiples «lectures» des Fleurs du mal, de 1855 à 1905, le second sur la querelle déclenchée en 1892, à partir du projet lancé par la revue La Plume, d’ériger une statue à la gloire du poète.

Bien qu’André Guyaux ait associé son nom et son savoir à Rimbaud (il en a édité les Œuvres complètes dans la «Bibliothèque de la Pléiade» en 2009), à Huysmans et à Baudelaire, il s’est également intéressé de près à d’autres écrivains de premier plan tels que Stendhal, Alfred de Musset, Sainte-Beuve, Gérard de Nerval, Paul Verlaine, Paul Bourget ou encore Odilon-Jean Périer. À l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, où il a été reçu le 16 mai 2015, il appartient à la grande famille des éminents spécialistes des lettres que sont, par exemple, Gustave Charlier, Lucien Christophe, Émilie Noulet, Gustave Vanwelkenhuyzen, Roland Mortier et Raymond Trousson, auquel il a succédé au fauteuil n° 30.

– Jean-Baptiste Baronian

Bibliographie

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Communications

Discours de réception (séance publique du 16 mai 2015)



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