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Membre étranger philologue du 14 juillet 1923 au 21 mars 1947.
Successeur : Jakob Jud
Fauteuil 38 |
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BIOGRAPHIE
Jean-Jacques Salverda de Grave naît le 19 mars 1863 à Noordwijck, près de Leyde. Après des études universitaires à Groningue où il est l'élève d'Anton G. van Hamel, il devient l'élève de Gaston Paris, dans la capitale française, puis du provençaliste Emil Levi, à Fribourg-en-Brisgau. De 1887 à 1896, il est précepteur de la future reine Wilhelmine.
C'est en 1888 qu'il présente, à Groningue, sa thèse de doctorat, qui est une Introduction à une édition critique du Roman d'Encas. L'édition du texte paraîtra trois ans plus tard dans la Bibliotheca normannica, IV, sous le titre Encas, texte critique. Une nouvelle édition, inspirée des principes formulés par Joseph Bédier pour Le Lai de l'ombre, sera publiée dans les Classiques français du Moyen Âge, sous le titre Eneas, roman du XIIe siècle. Jean-Jacques Salverda de Grave n'abandonnera pas les romans antiques. Il les étudiera plus tard en historien de la littérature, d'où ses Recherches sur les sources du Roman de Thèbes (en 1910), ses rapprochements entre Marie de France et Encas (en 1925 dans Neophilologus et en 1932 dans Studi medievali) et Un imitateur du Roman d'Encas au XIIIe siècle en France (en 1932).
Dès 1896, ses recherches s'orientent aussi vers les rapports lexicaux entre le français et le néerlandais. Il publie cette année-là, et en 1902, des Bijdragen tot de kennis der uit het Fransch overgenomen woorden in het Nederlandsch. Il fait, en outre, un article sur Les mots dialectaux du français en moyen néerlandais, paru dans la Romania (1901), et publie un important volume sur De Franse woorden in het Nederlands (1906). L'essentiel de ses recherches fera l'objet, d'une part, d'une série de leçons à la Sorbonne, en 1913, et sera réuni dans une publication destinée au grand public, parue chez Champion sous le titre L'influence de la langue française en Hollande d'après les mots empruntés, et, d'autre part, d'un chapitre sur Le français aux Pays-Bas dans l'Histoire de la langue française de Ferdinand Brunot.
Jean-Jacques Salverda de Grave devient maître de conférences à l'Université de Leyde en 1897, puis titulaire de la chaire de philologie romane à l'Université de Groningue en 1907, puis à l'Université d'Amsterdam en 1920. À l'occasion de sa retraite, en 1933, ses amis et ses élèves lui offrent un volume de Mélanges.
Il est un provençaliste distingué. En 1902, il édite, dans la Bibliothèque méridionale, des poésies du troubadour Bertran d'Alamanon. Il insère d'abondants commentaires historiques et philologiques dans son édition et la complète par un article À propos de Bertran d'Alamanon (dans les Annales du Midi). En 1912-1913, il collabore avec Alfred Jeanroy à l'édition des poésies d'Uc de Saint-Circ. On lui doit, en outre, des Observations sur l'art de Giraut de Borneil (en 1938), où il analyse avec rigueur les thèmes, la composition, le style, la langue et la versification, et où il examine de près le problème de l'hermétisme de ce grand poète.
Dès 1915, Salverda de Grave consacre de nombreux articles à la poésie épique française. Il défend des théories relatives à l'origine des chansons de geste dans Over het ontstaan van het genre der «chansons de geste»; il croit notamment à l'existence d'une tradition latine médiévale inspirée de compositions lyriques populaires. Il fait des études sur La Chanson de Guillaume (dans Neophilologus, 1916), il tente d'identifier le Turoldus de La Chanson de Roland avec le Turold de la tapisserie de Bayeux (en 1924). Il décrit des procédés de versification dans les Strofen in Gormont et Isembart et dans La chanson de geste et la ballade (où il établit une relation entre la chanson de geste sous sa forme primitive et la ballade).
Élu le 14 juillet 1923 membre étranger au titre philologique à l'Académie royale de langue et de littérature françaises, il est reçu le 15 mai 1924 par Gustave Charlier. Il sera, à partir de 1946, associé étranger à l'Académie des inscriptions et belles-lettres de Paris.
Dans le domaine de la langue d'oïl, Salverda de Grave s'est intéressé à plusieurs problèmes de phonétique historique. Ainsi il a étudié, entre autres, les diphtongues dans un article intitulé Sur la double accentuation des diphtongues en français (en 1928). Il s'est occupé avec compétence de dialectologie médiévale dans une étude sur La langue des coutumes de Saint-Amand au XIIIe et au XIVe siècle (dans le Bulletin du Dictionnaire wallon, 1932) et dans deux éditions commentées de textes de droit, Les lois et coutumes de Saint-Amand (en 1934) et le Livre des droits de Verdun (en 1940).
Des articles sur François d'Assise (en 1926), sur Carducci (en 1910), sur Fogazzaro (en 1912) et surtout sur Dante (en 1906, 1919, 1920 et 1921) témoignent de sa connaissance de la littérature italienne.
Dans le but de promouvoir les études françaises en Hollande et de développer les relations culturelles entre la France et son pays, il a fondé la société Nederland-Frankrijk et a été l'animateur de la Vereniging tot bevordering van de studiën van het Frans. Il est aussi l'un des fondateurs de la revue Neophilologus. Les Universités de Paris et de Bruxelles ont su reconnaître les mérites de Jean-Jacques Salverda de Grave en lui conférant le titre de docteur honoris causa.
Jean-Jacques Salverda de Grave est décédé à La Haye le 22 mars 1947. Il fut un médiéviste éminent, à la fois philologue, éditeur de textes, linguiste et historien préoccupé de thèmes et de genres littéraires.
Après sa mort paraîtra le premier des quatre volumes sur Le droit coutumier de la ville de Metz au Moyen Âge, préparé en collaboration avec E.M. Meijers et J. Schneider. Salverda de Grave avait collationné avec le manuscrit tous les textes des jugements qui y sont édités. Il avait composé le glossaire, écrit des remarques sur la langue et commencé à rédiger la table des noms propres.– Reine Mantou
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