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Membre belge philologue du 14 juillet 1923 au 11 mars 1939.
Successeur : Joseph Vrindts
Fauteuil 27 |
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BIOGRAPHIE
Henri Simon naît le 2 février 1856, à Liège, dans le quartier populaire d'Outremeuse. Bientôt orphelin de mère, il est confié à des fermiers qui lui apprennent le wallon. Il fait ses humanités classiques à l'Athénée royal de Liège. Après la mort de son père, il est recueilli par un cousin maternel, l'avocat Henri Clochereux, qui lui fait apprendre la musique. En 1876, il s'inscrit à la Faculté de philosophie et lettres de l'Université de Liège, mais l'année suivante, préfère étudier le dessin et la peinture à l'Académie des beaux-arts. En 1883, au terme de ses études, il obtient une bourse qui lui permet de faire le voyage à Rome. Il y rejoint un autre Liégeois, Adrien de Witte, qui le convertit au réalisme de Flaubert et de Zola.
À son retour, il s'installe avec les Clochereux à Lincé, près de Sprimont. Il se détache peu à peu de la peinture et se tourne plus résolument vers l'expression littéraire. Il écrit alors en wallon des chansons, pasquèyes, scènes populaires et rondeaux satiriques. C'étaient là les genres traditionnels des rimeurs populaires qui s'illustraient dans les cabarets et les cercles, tels le Caveau liégeois et la Société de littérature wallonne. Par la suite, il se tourne vers le théâtre, où son sens du mouvement trouve à s'exprimer heureusement. Simon écrit une dizaine d'uvres dramatiques entre 1888 et 1911.
Ce fut d'abord Li bleû-bîhe, en 1886, qui sera souvent joué en avant-spectacle du célèbre Tâtî de Remouchamps, puis Cour d'ognon (1888), petit tableau naturiste en vers coupé de chansons, et Sètche, i bètche, bluette en un acte aux caricatures sympathiques. La composition des tableaux prend de l'ampleur à partir de Brikes èt mwèrtî (1890), peinture burlesque en deux actes dont le prétexte est une lubie de M. Poron, commerçant bourgeois, qui entend démolir sa boutique pour la reconstruire ensuite. Li neûre poye (1893), comédie en deux actes, tient son succès des rites et des croyances populaires qui servent de toile de fond à cette histoire d'un amour contrarié par un jaloux; le parrain de la belle, un brave bourgeois de la campagne, saura, par des tours à sa façon, rétablir la paix dans les curs. À chaque mariha s' cla (1900), nouvelle comédie en deux actes, use des ressources de la farce, alors que Janète (1913) est une comédie de caractères presque sévère, qui dénote une parfaite maîtrise de l'écriture dramaturgique. L'intrigue est celle d'une veuve encore belle qui manigance sans scrupules le mariage de son fils et son propre rétablissement dans le monde. Dans Djan'nesse (1912), enfin, l'auteur entreprend une adaptation du Tartuffe de Molière où il montre beaucoup d'adresse et d'élégance.
L'uvre dramaturgique de Henri Simon rompt avec la tradition bon enfant du théâtre dialectal. Sobre de style, elle décrit une bourgeoisie dont les passions comme les maladresses sont soumises au quotidien le plus ordinaire ; il s'en dégage une moralité en demi-teintes, ni franchement joviale, ni radicalement critique, mais tâchant d'adhérer au plus juste avec la réalité du sentiment populaire.
Parallèlement à son travail de dramaturge, Simon entreprend une uvre poétique ambitieuse. Bien qu'un lyrisme authentique eût éclos dans la chanson wallonne dès 1854 grâce à Defrecheux, la poésie dialectale se cantonnait dans une très large part aux formes récréatives traditionnelles, telles pasquèyes, facéties, fables et scènes de rues. Simon entend travailler, quant à lui, à une uvre digne du Parnasse, à la recherche d'une forme artistique plus noble pour la langue wallonne. Sa sensibilité inquiète, son refus d'un sentimentalisme facile, produit une poésie austère et fière, chantant les beautés de la nature et des hommes. En marche avec son temps, il n'hésite pas à employer les formes les plus contemporaines de l'art poétique.
C'est ainsi qu'en 1888 est révélé un long poème en prose, Èl coulêye, où Simon se remémore avec émotion les beaux jours de l'enfance. Entre 1891 et 1894 (puis à nouveau de 1923 à 1926), une série de rondeaux sont regroupés sous le titre Les bièsses, parmi lesquels Li vatche, Li dj'và d'ôr Larègne, Li mohon, Li bièsse à bon Diu, Li treûte. Au tournant du siècle, Simon brosse des tableaux en prose rythmée pour lesquels les transformations naturelles constituent des thèmes récurrents. Les paysages brillent tantôt sous la neige (Nîvaye, 1900), tantôt sous les feux du soleil couchant (Li solo s'coûke, 1901). Le temps simonien s'affirme avec insistance comme un temps cyclique, et tissé par les correspondances : cycle des heures et des âges (Nosse vèye, 1901), des saisons (Mes qwate moumints, 1907), des champs (C'est l'awous'!, 1907; Fènâ-meûs, 1907), de l'eau (Wice va l'êwe, 1907).
C'est le temps, encore, et la vie naturelle qui s'écoule et se transforme, qui constituent le thème des deux uvres poétiques où Simon affirme son génie de la sonorité et de la densité. Li pan dè bon Diu (1909), composé de vingt-quatre poèmes d'une page, en vers blancs et dans des rythmes très variés, décrit le parcours du grain de blé, de la main du laboureur qui le sème jusqu'au ventre des enfants qui mangent le pain blanc. Paraphrase lyrique du Panem nostrum, le poème arbore un naturisme riche en mots colorés dans un ton à la fois serein et vigoureux. Li mwért di l'âbe (1909) est plus mesuré, mais non moins évocateur. Cette fois, c'est la mort du chêne séculaire frappé par la cognée des bûcherons qui est contée dans un rythme haletant, où sont répartis avec bonheur les majestés de la description et les emportements affectueux du descripteur.
Lettré, vif et moderne, Henri Simon élabore ainsi une uvre qui, par le théâtre, présente une face publique pleine d'élévation, et, avec la poésie, développe une face plus intime, véritablement inspirée. Henri Simon est élu membre de l'Académie royale de langue et de littérature le 14 juillet 1923 et occupe le siège réservé à la littérature dialectale. Il s'éteint à l'âge de quatre-vingt-trois ans, le 11 mars 1939.– Sémir Badir
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