Académie Royale de Langue et de Littérature Françaises de Belgique
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Composition


Hubert Stiernet

Hubert Stiernet / Photo © Stern Membre belge littéraire du 14 juin 1924 au 1er janvier 1939.
Prédécesseur : Ernest Verlant
Successeur : Constant Burniaux
Fauteuil 28

Biographie

Second d'une famille de sept enfants, Hubert Stiernet naît à Waremme le 5 juillet 1863, où son père est tailleur d'habits. Dans son œuvre, il décrira souvent sa maison natale et le quartier de sa jeunesse. Après des études à l'école moyenne de l'État de son village, c'est à Huy qu'il est inscrit, à l'École normale primaire, puis à l'École normale de Gand, où l'enseignement est prodigué en français. C'est là qu'il commence à rédiger ses premiers écrits. Alors qu'il doit occuper son poste d'enseignant à Renaix, il se retrouve au Rœulx à la suite d'une erreur administrative. La méprise est vite constatée, et après un court passage à Renaix, Stiernet est désigné pour Bruxelles, où il devient professeur de français à l'École moyenne de Laeken.

Sa première publication en volume, Pierre Lanriot, date de 1888. Il s'agit d'un bref roman de mœurs, à tendance psychologique, situé en Hesbaye, suivi de deux courts récits. L'auteur y démontre déjà ses qualités de conteur, dans un style ferme et sobre. Peu de temps après, il fait la rencontre d'Hubert Krains auquel l'unira une solide amitié. Eugène Demolder et Louis Delattre compteront aussi au nombre de ses intimes. Stiernet entame la série de ses collaborations en revues par la parution régulière de textes en prose dans La Wallonie, la Revue de Belgique, La Société nouvelle et La Jeune Belgique. Un récit pour enfants, allégorique et éducatif, Histoires du chat, du coq et du trombone, paraît en 1890.

La carrière littéraire d'Hubert Stiernet est jalonnée de volumes réunissant des contes; c'est un art dans lequel il excelle. En 1893, ce sont les Contes au perron, où l'auteur laisse libre cours à son imagination pour décrire des gens et des milieux simples. Ils forment le prélude à des productions futures dans lesquelles le sens du fantastique et l'aspect visionnaire tiendront une grande place.

Douze ans s'écoulent avant que Stiernet se manifeste en publiant un nouvel ouvrage. Il se consacre totalement à l'enseignement et rédige un cours de rédaction dans lequel il insiste sur la nécessité d'une participation des émotions de l'enfant à l'apprentissage de l'expression des idées. Appelé à la fonction de président des écoles moyennes, il doit, en 1901, traiter de l'amélioration des barèmes du corps enseignant. Stiernet a toujours été un amateur de musique; il déplore que l'enseignement secondaire ne comporte pas de cours valable dans ce domaine, et compose un petit opuscule à ce sujet.

En 1906, Histoires hantées révèle que son inspiration et sa maîtrise ont évolué. Les récits qui composent l'ouvrage, placé sous le signe de la fatalité du destin et de la mort omniprésente, ne sont pas sans rappeler l'angoisse existentielle que Stiernet a découverte chez Pœ et chez Hoffmann, qu'il a beaucoup lus. L'action se situe toujours en Hesbaye et l'écrivain peint sa région natale et ses coutumes avec un grand réalisme, mais aussi avec retenue. Il est entré dans sa maturité.

L'année suivante, désigné comme directeur de l'École moyenne de Schaerbeek, Stiernet va s'établir dans cette commune. De son mariage, quatre enfants sont nés et c'est pour eux qu'il se décide à publier un nouveau livre, Contes à la nichée, en 1909. L'auteur y utilise ses souvenirs d'enfance, met en scène des membres de sa famille, des situations et des personnages waremmiens. L'ouvrage a du succès : en vingt ans, il connaîtra quatre éditions. Stiernet se pose maintenant en véritable spécialiste de sa région, dont il sait dépeindre avec vigueur et couleur l'âme profonde. Il confirmera cette tendance à une idéalisation de la Hesbaye dans plusieurs œuvres qui verront le jour dans les vingt années qui vont suivre.

Haute Plaine, bien considéré par la critique, date de 1911. Les six nouvelles qui le composent entremêlent le merveilleux et le réalisme avec une grande aisance et gardent tout leur pouvoir de séduction. Stiernet anime ses récits avec conviction ; il y ajoute une note d'ironie, voire de satire. Il n'hésite pas, comme dans ses précédents livres, à émailler la narration d'expressions patoisantes, tout en parvenant à éviter la lourdeur du procédé.

Mais la guerre éclate, et le patriotisme de l'écrivain lui fait prendre des risques. Il est destitué de son poste par l'occupant, parce qu'il s'est manifesté publiquement. Après la fin des hostilités, il signe, dans le premier numéro du journal Le Soir, un texte enthousiaste, intitulé Au soldat. Le conflit lui fournit la trame d'un nouvel ouvrage en 1921 : Le Récit du berger, dans lequel il raconte les premiers jours de l'occupation de sa Waremme natale. Moins que d'une chronique liée à des événements réels, il s'agit d'une transposition imaginaire, nouveau prétexte pour s'élever contre la guerre et exalter le patriotisme. La même année, Le Roman du tonnelier est une brillante analyse de mœurs en milieu rural, basée sur le conflit des générations et l'aveuglement suscité par une passion amoureuse. La critique ne s'y est pas trompée, qui a vu dans ce livre la meilleure production psychologique d'Hubert Stiernet.

À soixante ans, en 1923, il donne un nouveau recueil de contes, La Grâce de la folie, neuf textes volontairement drôles et satiriques. C'est l'occasion pour l'auteur de s'attarder au folklore waremmien et de dépeindre son émotion devant la modification des sites qu'il a connus et qui se transforment peu à peu. La nostalgie traverse ces pages parfois douloureuses. Il signera un dernier roman en 1931, Par-dessus les clochers. L'action, qui débute à Waremme comme toujours, lance le lecteur à travers le monde, à 1a suite d'un héros avide de découvertes.

L'année de sa retraite, Hubert Stiernet est élu à l'Académie royale de langue et de littérature françaises, le 14 juin 1924. Il s'éteint dans sa maison de Bruxelles quinze ans plus tard, le jour de l'an 1939.

– Jean Lacroix



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