Académie Royale de Langue et de Littérature Françaises de Belgique
ContactPlan du siteLiens WebPhotographiesActualité

OrganisationCompositionFonds national de la littératurePrix littéraires
PublicationsLe BulletinE-Bibliothèque

 


ACADÉMICIENS
Membres actuels
Membres décédés
Membres fondateurs
Tableau des successions

Composition


Marc Wilmet

Marc Wilmet / Photo © Jean-Luc Lossignol, ARLLFB Membre belge philologue du 14 juin 1986 au 10 novembre 2018
Prédécesseur : Maurice Piron
Fauteuil 16

Biographie

Marc Wilmet naît à Charleroi, le 28 août 1938. Après des études secondaires à l’Athénée de Koekelberg, il s’inscrit en philologie romane à l’Université libre de Bruxelles. Il a la chance d’assister aux débuts de trois grands maîtres : Roland Mortier, Albert Henry et Pierre Ruelle, qui développent en lui un double attrait pour la littérature et la langue françaises. Il obtient son diplôme de licencié, ainsi que le titre d’agrégé de l’enseignement moyen supérieur, en 1960, et devient professeur à l’Athénée royal de Woluwe-Saint-Lambert où il restera jusqu’en 1966. Il est alors nommé aspirant au Fonds national de la recherche scientifique (1966-1969) et, au mois de mai 1968, il soutient sa thèse de doctorat consacrée à l’étude du Système de l’indicatif en moyen français (Genève, Droz, 1970). Ce premier ouvrage réunit toutes les qualités que l’on reconnaîtra dans ses travaux ultérieurs : une organisation logique sans faille, une attention pour toutes les subtilités sémantiques et stylistiques de cet état de langue encore mal étudié à l’époque, une plume alerte, avec un humour malicieux, comme l’écrira Robert Martin, professeur à la Sorbonne.

La période du moyen français, coincée entre les deux époques de haute culture que sont le XIIIe siècle et la Renaissance, était en effet restée jusque-là le parent pauvre des études médiévales. Elle trouve simultanément des pionniers en France, en Allemagne, en Suisse, dans les pays scandinaves. En collaboration avec Robert Martin, Marc Wilmet dotera dès 1980 ce mouvement international d’une Syntaxe du moyen français, restée classique.

Les trois premières années de sa carrière universitaire, il les passera à l’étranger, comme chargé de conférences à l’Université Lovanium de Kinshasa, puis en tant que professeur adjoint à l’Université de Sherbrooke. Il y profitera de l’occasion pour fréquenter le Fonds Gustave Guillaume que Roch Valin, héritier spirituel et exécuteur testamentaire du linguiste français, venait de créer à l’Université Laval de Québec.

De retour en Belgique, il est nommé chargé de cours à la Vrije Universiteit Brussel, puis à l’Université libre de Bruxelles, et deviendra professeur ordinaire dans ces deux universités. Il officiera également comme professeur invité aux universités de Jérusalem, Nice, Cologne, Santiago de Compostela, Milan, Bologne et Tsukuba.

En 1972, Marc Wilmet publie Gustave Guillaume et son école linguistique. Clarifiant l’exposé, souvent ésotérique, du célèbre linguiste, il met en évidence les grandes lignes des théories de la psychomécanique du langage. Convaincu que l’admiration ne doit pas faire taire la lucidité, il souligne le caractère proprement génial de la recherche guillaumienne, mais en épingle également les faiblesses. Séparant le bon grain de l’ivraie, il conservera du guillaumisme certaines notions qu’il adaptera à sa propre recherche, dont les deux axes principaux sont le verbe et le nom, aboutissant à une grammaire de la phrase.

En 1976, il fait paraître les Études de morphosyntaxe verbale et, en 1986, La Détermination nominale, ouvrage capital dont les mérites n’ont cessé d’être soulignés. Il y remet en question l’immobilisme de la tradition grammaticale à laquelle il substitue une vision plus descriptive et réflexive de la langue. Passionnante pour le spécialiste, La Détermination nominale l’est également pour le simple usager de la langue qui découvre les mécanismes cachés qui distinguent par exemple un savant amoureux d’un amoureux savant.

En 1994, Marc Wilmet s’essayait au genre du conte linguistique, transposant avec succès dans une fiction poétique, Antepost, couronnée par le prix Gilles Nélod du conte, les principes de son analyse sur la place de l’adjectif français. Il s’intéresse encore à ces utilisateurs privilégiés du français que sont les écrivains, en consacrant deux articles à Marcel Proust et un ouvrage à Georges Brassens (1991).

Curieux de tout ce qui touche à la langue, Marc Wilmet est l’auteur de plus de trois cents articles les plus divers sur la linguistique, la stylistique, la grammaire historique. Son œuvre majeure est la Grammaire critique du français (1997; 5e éd. 2010), ouvrage couronné par le prix Honoré Chavée (2009), décerné par l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (Paris, France), et remanié en une version plus accessible intitulée Grammaire rénovée du français (2007).

Si la recherche compte pour l’essentiel dans la carrière de Marc Wilmet, l’enseignement y occupe une place importante. Développant l’esprit critique de ses étudiants, il enseigne aux futurs romanistes l’importance de la démarche descriptive et réflexive, qui sépare la linguistique de la grammaire normative, et qui encourage à se méfier des idées reçues. C’est encore au nom de la réflexion qu’il s’engage dans la polémique sur la féminisation des titres, sur la réforme de l’orthographe, ou sur les règles de l’accord du participe passé, réclamant au nom de la logique une orthographe grammaticale cohérente et rationnelle.

Codirecteur de la revue Travaux de linguistique et de la collection Champs linguistiques éditées chez Duculot-De Boeck, ancien président et membre d’honneur à vie de la Société internationale de linguistique romane, docteur honoris causa de l’Université d’Uppsala et de la Sorbonne, il a présidé le Conseil supérieur de la langue française de la Communauté française Wallonie-Bruxelles de 1999 à 2007.

Lauréat du prix Émile Francqui en 1986 pour avoir contribué «de façon remarquable à confirmer et à renforcer le prestige de la Belgique dans le monde scientifique», Marc Wilmet a été élu le 14 juin 1986 à l’Académie de langue et de littératures françaises au siège de Maurice Piron. Marc Wilmet est décédé le 10 novembre 2018.

– Anne Carlier et Valérie André

Bibliographie

  • Le système de l'indicatif en moyen français, Genève, Droz, 1970.
  • Gustave Guillaume et son école linguistique, Paris-Bruxelles, Nathan-Labor, 1972 ; 2° éd., 1978.
  • Études de morphosyntaxe verbale, Paris, Klincksieck, 1976.
  • Syntaxe du moyen français (en collaboration avec Robert Martin), Bordeaux, SOBODI, 1980.
  • La détermination nominale, Paris, PUF, 1986.
  • Georges Brassens libertaire : la chanterelle et le bourdon, Bruxelles, Les Éperonniers, 1991; 2e éd., 2000.
  • Antepost. Conte linguistique, Bruxelles, Les Éperonniers, 1994.
  • Grammaire critique du français, Bruxelles, Duculot, et Paris, Hachette, 1997; 2e éd., 1998; 3e éd. Duculot, 2003.
  • Le participe passé autrement : protocole d'accord, exercices et corrigés, Paris-Bruxelles, De Boeck-Larcier, 1999.
  • Environ trois cents articles de linguistique générale et française, de grammaire historique du français et de stylistique.

Bibliographie critique

  • Annick Englebert, Michel Pierrard, Laurent Rosier, Dan Van Raemdonk (eds.), La ligne claire. De la linguistique à la grammaire. Mélanges offerts à Marc Wilmet à l'occasion de son 60e anniversaire, Paris-Bruxelles, Duculot, coll. «Champs linguistiques», 1998.
  • La Grammaire en roue libre. Variations cyclo-linguistiques offertes à Marc Wilmet, Bruxelles, Presses universitaires, 2003.

E-bibliothèque

Communications


Discours de réception (séance publique du 14 mars 1987)



© ARLLFB, rue Ducale 1, 1000 Bruxelles, Belgique | Déclaration d'accessibilité