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Lauréate :
Veronika Mabardi pour Sauvage est celui qui se sauve (Esperluète, 2022).
Jury :
Jean Claude Bologne, Gérard de Cortanze, Luc Dellisse, François Emmanuel, Pierre Mertens, Jean-Luc Outers, Nathalie Skowronek.
Autres finalistes :
Pascal Goffaux, La nostalgie de l’aile, Esperluète
Michel Lambert, Le ciel me regardait, Le beau jardin
Véronique Sels, Même pas mort, Genèse
Isabelle Spaak, Des monts et merveilles, Éditions des Équateurs.
Extrait de l'argumentaire du jury :
Sauvage est celui qui se sauve a touché et convaincu les jurés du Prix du Roman, par l’intensité de la démarche d’écriture en direction du frère absent, trop tôt disparu.
Il est rare de ressentir à ce point combien les récits, sollicitant la mémoire, cherchent à cerner, circonvenir, tenter de donner sens, au silence qui fut le sien au temps où il vivait.
A l’assaut de ce silence le livre avance par saccades, par détours, par saignées de sens, et c’est cette avancée tâtonnante, ce corps à corps de l’autrice avec l’énigme de son frère mort, qui donne à l’écriture du livre sa puissante dimension performative.
Comme si le présent de la recherche tentait de rejoindre dans un découvrement progressif, le mouvement, la quête, la ligne brouillée et pour une grande part insaisissable de ce que fut la vie de Shin Do.
Dans ce mouvement vers l’absent, toute une famille se découvre : accueillante et métissée, riche de ses idéaux, pénétrée de fêlures et de lignes de force. La démarche d’écriture fait aussi retour sur celle qui écrit composant un émouvant roman mosaïque, un «tombeau» grand ouvert pour celui qui traversa la vie trop vite, ne laissant que quelques traces muettes, graphiques, des paroles furtives, et la très forte envie de comprendre chez celle qui est restée.
– François Emmanuel |