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Lauréat :
Xavier Hanotte pour son roman Des feux fragiles dans la nuit qui vient (Belfond, 2010).
Jury :
Jean-Baptiste Baronian, Georges-Henri Dumont, François Emmanuel.
Extrait de l'argumentaire du jury :
Le dernier roman de Xavier Hanotte manifeste à la fois des signes de fidélité à soi et de sensibles mutations dans son écriture. La fidélité : le contexte militaire, essentiellement viril, l'ambiguïté du réel, toujours à double fond, ce qui atteste que l'auteur reste imprégné de ce réalisme magique qui lui est si cher, et qu'il a non seulement fréquenté dans l'œuvre des autres, mais quelquefois même traduits, l'hésitation, enfin, quant à l'interprétation finale, toujours inaccessible, du monde. Ce n'est pas faute, de la part de ses protagonistes, de se colleter avec l'inconnu.
Berthier est un héros de ce type, mais auquel, comme l'a bien précisé Joseph Duhamel, et c'est là qu'est la mutation, il n'offre pas la possibilité de s'exprimer « de l'intérieur» en quelque sorte. Hanotte, dans ses précédents romans, se glissait dans la subjectivité de son personnage central. Ici, rien de cette osmose, mais une observation au plus serré, qui induit le lecteur à «scanner» en quelque sorte sa vie intérieure. Ce qui, étrangement, renforce la proximité avec lui.
On est aussi dans le registre d'une approche allégorique de l'Histoire. Pas moyen de situer chronologiquement le récit. Les combattants sont chaussés de bottines, ils usent d'armes familières, mais dans quel espace-temps s'inscrivent-ils? Mystère. Et l'auteur se délecte de cette imprécision, elle lui permet d'accéder à un contexte mythique, ce qui le rapproche de quelques modèles qu'il ne reniera probablement pas : Gracq et Jünger, son complice d'outre-Rhin, ou Buzzati, un voisinage dont on devinait depuis quelques temps qu'il se rapprochait, mais qu'il semble ici revendiquer clairement.
Jusqu' au titre de l'ouvrage, Des feux fragiles dans la nuit qui vient qui nous achemine dans une dimension d'entre-deux où conscient et inconscient se confondent, une zone limitrophe ou l'auteur s'immerge plus que jamais.
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