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Lauréat :
Armel Job pour son roman Le commandant Bill (Mijade, coll. Mijade Romans, 2008).
Jury :
Danielle Bajomée, André Goosse, Marc Wilmet.
Extrait de l'argumentaire du jury :
Les histoires racontées par Armel Job ne sont jamais banales, ni attendues (on n'a pas oublié sa biographie de la sainte Freya). Elles maintiennent la curiosité du lecteur en suspens, tout en donnant une impression de réalisme dans l'évocation des lieux et des choses, dans la description des attitudes et par le naturel des dialogues, avec juste ce qu'il faut de mots régionaux pour la couleur locale. Tel est bien ce qui caractérise ce roman, dernier-né d'une série déjà longue. Le récit commence au 11 mai 1940 : un avion allemand tombe par accident dans une forêt d'Ardenne; ses deux occupants sont blessés, le pilote, mortellement, son compagnon, grièvement; que vont faire les habitants du village voisin? Le lecteur ne manque pas d'être surpris, tout au long du livre, et jusqu'à la dernière page.
Comme souvent dans l'uvre d'Armel Job, nous sommes dans un village d'Ardenne, ici un hameau plutôt : huit maisons qui «tenaient dans un creux qui ressemblait au fond d'une assiette à soupe un peu de travers». Les Ardennais, qu'Armel Job connaît de naissance, sont présentés tels qu'ils sont, ni caricaturés ni embellis : «Ce n'est pas qu'ils ne se parlaient jamais : ils devisaient de la pluie et du soleil, des légumes, des chantiers, des bêtes. Mais de ce qu'ils avaient sur le cur, jamais. Qu'est-ce que l'autre en aurait fait?» Ils se trouvent pourtant dans une situation toute particulière, unique due à l'imagination de l'auteur? Mais les noirs souvenirs que nos parents avaient gardés de la Grande Guerre, la présence des occupants, les dénonciations, le rôle des résistants (l'armée blanche, parfois mythique), tout cela est ravivé par Armel Job dans la mémoire de certains d'entre nous.
Armel Job a déjà reçu beaucoup de prix, mais il manquait à notre palmarès. Notre prix George Garnir lui siéra particulièrement, puisque Le commandant Bill répond au règlement : «un roman évoquant les aspects et les murs des provinces wallonnes», et avec quel brio! C'est l'avis unanime du jury.
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