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Lauréat :
Jean-Pierre Verheggen pour l'ensemble de son œuvre.
Jury :
Jean Claude Bologne, Paul Emond et Pierre Mertens.
Extrait de l'argumentaire du jury :
Jacques de Decker a beaucoup écrit sur Verheggen, « La brosse à relire » récemment parue chez Labor en témoigne. Mais dans un texte non repris dans l’ensemble, j’ai trouvé ce passage qui tente de définir sa méthode. Il a paru il y a vingt-cinq ans dans Le Soir : « Le potentiomètre dont il se sert est celui qui l’a conduit dans les diverses contrées que son œuvre a explorées jusqu’ici, du Degré Zorro de l’écriture à Ninietszche Peau’Chien en passant par Divan le Terrible : il est un imparable détecteur des charges secrètes des mots. Il leur fait rendre gorge, il les retourne comme des gants, persuadé qu’ils ne disent que pour mieux dérober, que c’est sous les sens avoués que se nichent les inavouables, et les plus révélateurs. C’est cela qui fait de Verheggen le plus aventureux de nos poètes, sous ses dehors d’amuseur et de boute en train : il creuse jusqu’au plus profond dans les gisements de langage, il rampe dans les veines, mineur acharné à porter au jour ce que les mots veulent vraiment dire. Par ses creusements continuels dans les divers registres de la langue, il met à mal les lectures qui tentent d’imposer la dominance d’une langue artificielle et de classe (au sens marxiste) sur les langues et expressions populaires. Il parie pour l’ouvert contre le figé. Il montre que la langue et le vocabulaire sont une germination continuelle, et qu’en restant ouverte, leur lecture induit non seulement une jubilation poétique mais aussi une attitude politique, qui est d’ouverture et d’appropriation par tous plutôt qu’un instrument discriminatoire et de dominance.
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