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Lauréat :
Grégoire Polet pour son roman Chucho (Gallimard, coll. Blanche, 2009).
Jury :
Danielle Bajomée, Raymond Trousson, Guy Vaes.
Extrait de l'argumentaire du jury :
En quelques années, ce prodige de nos lettres qu'est Grégoire Polet nous a donné quatre romans. Après un début fulgurant où il déployait déjà son art du récit choral, avec pour épicentre Madrid, puis une variation sur le thème du copiste, suivi d'une nouvelle vaste orchestration qui, cette fois, se centrait sur Paris, il vient de publier un roman plus bref, Chucho, où il montre qu'il n'a pas toujours besoin de disperser le tir pour nous captiver.
Ce prix veut saluer évidemment une éclatante démonstration de talent, qui a déjà hissé Grégoire Polet au premier rang des lettres françaises d'aujourd'hui (sa participation au très important manifeste de la «Littérature-Monde» en témoigne), mais en particulier Chucho, son plus récent ouvrage, où il excelle dans la focalisation narrative, s'imposant un exercice aux antipodes de l'unanimiste qui caractérisait deux de ses premiers livres, et qui était devenu une sorte de marque de fabrique.
Chucho est un récit serré comme un poing, que l'auteur situe dans cette ville de Barcelone qu'il connaît bien pour y avoir, pour l'instant, élu domicile. Il a choisi de raconter l'histoire d'un poulbot des quartiers populaires de la ville, le jeune Chucho, un pré-ado qui en sait déjà long sur les passions humaines. Il a été proche de Polaca, une fleur de pavé qui a été assassinée, probablement par son proxénète dont elle n'avait pas respecté la loi. Il rêve de fuite loin, très, à New York par exemple où son ami Hans pourrait l'emmener s'il arrivait se procurer les papiers nécessaires
Pierre Maury a comparé ce roman très maîtrisé à un «Oliver Twist à la mode d'aujourd'hui et sans misérabilisme». Étrange comme Charles Dickens réapparaît comme référence de nos jours. On parle de lui aussi à propos du film Slumdog Millionaire qui vient de rafler les oscars. La crise engendrerait-elle des épopées du courage enfantin?
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