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Lauréat :
Nicolas Grégoire pour l’ensemble de son œuvre poétique et plus particulièrement pour S’effondrer sans (Æncrages & Co, 2016).
Jury :
Éric Brogniet, Yves Namur et Gabriel Ringlet.
Extrait de l'argumentaire du jury :
Déjà remarqué par notre Académie, pour son premier manuscrit qui lui valut à l’époque le prix Lockem 2007, Nicolas Grégoire poursuit inlassablement son travail d’écriture autour d’un génocide, celui perpétré au Rwanda. Ses livres ont été publiés au Taillis Pré (ses restes / en somme, 2011, et d’être et de tête, 2014) et chez Centrifuges (face à / morts d’être, 2014).
s’effondrer sans, qui vient de paraître aux belles éditions Æncrages, s’inscrit dans cette même préoccupation. À la fois travail de mémoire sur ce génocide rwandais et témoignage des atrocités présentes dans le monde entier, ce livre, comme les précédents, semble être là pour dire que l’on peut encore écrire de la poésie après « ça », comme un Paul Celan le fit, s’inscrivant en faux contre l’affirmation d’Adorno (écrire un poème après Auschwitz est barbare). Cette pensée qu’Adorno précisera plus tard, disant en substance que « nous ne sommes pas quittes de ce qui s’est passé, et que ses conséquences vont jusqu’à la question de la possibilité ou non d’écrire des poèmes » situe exactement le propos de Nicolas Grégoire. Faut-il écrire encore sur ça, avons-nous le droit d’écrire, n’est-ce pas un échec que d’écrire à ce propos ? Autant de questions que se pose un Nicolas Grégoire, souvent poursuivi par la honte et peut-être une certaine culpabilité face à tout ce qui est abominable de par le monde. |