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Lauréat :
Philippe Blasband pour le scénario de son film Coquelicots (2008).
Jury :
Roland Beyen, Jacques De Decker, Françoise Mallet-Joris.
Extrait de l'argumentaire du jury :
Philippe Blasband est au centre de l'actualité : il vient de mettre en scène sa propre pièce Paternel au théâtre Le Public, au théâtre Marigny à Paris se joue Nathalie, avec la sémillante Virginie Efira. Cette pièce fut à l'origine un film, où le même rôle était interprété par Emmanuelle Béart. Comment ne pas être tenté, devant ce glissement naturel d'un registre, d'une forme à l'autre, d'introduire parmi les genres que l'Académie est appelée à récompenser, le scénario? Ce n'est donc pas pour un texte de théâtre mais pour un script de film que Philippe Blasband est lauréat du prix Praga : celui de Coquelicots qui est un exercice interdisciplinaire de sa part, puisqu'il l'a lui-même réalisé.
Ce film n'eut jusqu'à présent qu'une diffusion assez modeste : raison de plus pour attirer l'attention sur une uvre très intéressante. Elle se construit comme une série de portraits de personnages, forme polyptyque dans laquelle, on le sait depuis son Effet cathédrale, l'auteur excelle. Le film, fort bien réalisé, exploite le décor bruxellois, ce qui n'est pas si fréquent, et l'aborde sous un angle qui renforce son mystère et sa part d'ombre, d'autant que l'action se déroule dans le milieu de la pègre.
Blasband y joue avec sa maîtrise coutumière du cadrage. Il sait ce qu'une scène doit dire et sous-entendre, comme ce que la caméra peut montrer et dissimuler : c'est dans ce jeu que réside son esthétique propre, éminemment dramatique, et très stimulante pour le spectateur. Auteur multimédia par excellence, et excellent dans toutes les disciplines qu'il aborde (roman, depuis le prix Rossel de ses débuts, théâtre, cinéma) Blasband est avant tout un conteur, et son ascendance iranienne doit y être pour quelque chose, un ciseleur de récits qui s'entend à faire du public un partenaire de jeu, d'enquête, de démystification. Un art de l'interactivité qui, chez lui, n'est pas un vain mot.
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