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Lauréats :
Matthieu Donck, Benjamin d’Aoust et Stéphane Bergmans pour la série télévisée La Trêve.
Jury :
Roland Beyen, Jacques De Decker et Paul Emond.
Extrait de l'argumentaire du jury :
Nous disposons, dans notre palmarès, de deux possibilités de couronner des ouvrages dramatiques. Ils se succèdent en alternance, il s’agit des prix Vaxelaire et Praga. Depuis qu’ils ont été institués, les langages du spectacle parlé se sont diversifiés et perfectionnés. Nous avons donc déjà primé des films. Nous ne voulions dès lors pas laisser passer cette année sans marquer le coup d’un phénomène majeur qui s’est manifesté dans notre paysage audiovisuel. Je veux parler de l’émergence d’un nouveau genre dans le paysage belge, du moins francophone, la Flandre ayant déjà pris quelques longueurs d’avance, à savoir les séries télévisées.
On les a longtemps attendues, on avait même désespéré qu’elles deviennent un jour une réalité. Et puis, le 21 février de l’année dernière, date historique, a été programmé par la RTBF le premier épisode de La Trêve. Immédiatement, ce fut le coup de foudre : le public a accroché d’emblée, avec une adhésion qui non seulement ne s’est jamais démentie au cours de cinq semaines suivantes, mais n’a cessé de se renforcer. Et la tendance a été confirmée par l’audience internationale. En août, la série était programmée sur France 2, et dès octobre la chaîne flamande canvas prenait le relais. Depuis, la dynamique ne faiblit plus, au contraire. La « fiction belge » est devenue un concept reconnu internationalement. Ennemi public a bénéficié du même accueil, et à présent on en est au stade de l’attente des séries à venir. Si cela me réjouit particulièrement, c’est que le 1er juin dernier, j’écrivais déjà dans un édito du Soir : « À présent, on peut y croire : un Belgowood se profile à l’horizon. »
Un scénario, cela comporte pour une bonne part des dialogues. Comment faire pour qu’ils ne soient pas complaisants, qu’ils soient chargés du maximum de charge dramatique ? Nous allons voir un extrait, interprété par le protagoniste, Yoann Blanc, et Yasmina Douieb, qui montre comment ce défi a été relevé.
Le plus réjouissant, dans ce prototype, qui a ouvert une brèche où d’autres projets ont suivi (les tournages, très nombreux actuellement, en témoignent, les programmations tous azimuts aussi, ainsi que les récompenses qui s’en viennent de toutes parts), c’est qu’il confirme que tout destinait nos contrées à devenir particulièrement fécondes en la matière, non seulement parce que notre incomparable tradition en matière de bande dessinée fait de nous des spécialistes particulièrement féconds en matière de récits par épisodes, mais que le paysage wallon, surtout lorsqu’il est survolé par des drones, est d’une photogénie exceptionnelle. Les pays scandinaves et leurs perspectives maritimes ont imposé leur esthétique, la forêt d’Ardenne, que Shakespeare avait déjà exaltée sans la connaître, est en train de dispenser ses sortilèges sur les écrans… |