Lauréat :

François De Smet pour son essai Reductio ad Hitlerum (PUF, 2014).

Jury :

Daniel Droixhe, André Guyaux et Marc Wilmet.

Extrait de l'argumentaire du jury :

Pour un véritable « essai », il faut au moins une idée originale et un talent d’écriture qui la serve. Le livre de François De Smet ne manque ni de l’une (le point Godwin, à savoir une banalité rhétorique qui clôt la discussion par la banalité du mal absolu : le nazisme, la Shoah…) ni de l’autre les formules incisives, qui crèvent au passage pas mal de baudruches, par exemple « le constat devient encore plus troublant lorsqu’on remarque comment l’Allemagne d’après-guerre s’est dénazifiée à une vitesse  qui, finalement, est aussi interpellante que la rapidité de l’Allemagne  d’avant-guerre à se nazifier  à partir de 1933 ». Le problème fondamental est celui des frontières  mouvantes entre la liberté de pensée  et la liberté d’expression. Des propos d’une rare intelligence  et nourris de références (pas seulement  philosophiques mais littéraires : Brecht, Albert Cohen, Littell) dont on ne peut seulement que reconnaître l’actualité, même par petites touches. Ainsi, à propos de la ‘politesse’ socialement codifiée dans les trams : « …il n’y a rien de plus insultant que de désigner le faible comme faible en lui cédant sa place. »