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Prix Verdickt-Rijdams 2023
Lauréate
Debora Levyh pour La Version (Allia, 2023).
Autres finalistes
- Thomas Gunzig, Rocky, dernier rivage, Le Diable Vauvert, 2023.
- Vinciane Despret, Les morts à l’œuvre, Découvertes, 2023.
Extrait de l'argumentaire du jury
Ce prix biennal récompense un ouvrage portant sur le dialogue entre les arts et les sciences. Il est attribué cette année à Debora Levyh, pour son livre La Version, paru chez Allia en 2023.
« Avec La Version, nous dit l’argumentaire du livre, Debora Levyh nous entraîne à la rencontre d’un peuple imaginaire et merveilleusement insaisissable. » Et tout semble être dit dans cette seule phrase qui définit parfaitement cet ouvrage où peuvent se croiser sociologie, ethnologie, anthropologie… d’un monde inexistant.
Mais l’autrice de nous mettre en garde : « Entendons-nous bien, rien de ce que je raconte n’est métaphorique. »
La narratrice aborde ainsi, en partageant leur quotidien, un peuple imaginaire et ses comportements pour le moins étranges, qu’ils soient alimentaires, vestimentaires ou autres. Qu’il soit question de parler, d’écrire, d’avoir des sentiments ou des désirs, qu’il soit question du rapport au temps, tout ici s’inscrit en marge de nos pensées et attitudes rationnelles. Des visions improbables, surréalistes ou fantastiques, pourrait-on ajouter, qui voisinent avec l’absurde et le conte philosophique.
Ainsi — et j’y reviens — en est-il du temps pour lequel « l’essentiel n’était pas de mesurer le temps qui passe, mais de lui donner forme ». Un temps déterminé par la hiérarchie des événements. Par exemple : « La mort d’un personnage égalait la chute d’une pomme au pied d’un pin. »
Quant à la nourriture, elle est composée de terre, de billes en verre et de livres, « Quantité de livres ». Dans ce texte, il y a également cet objet singulier que chacun possède : un coffre dans lequel sont consignés des fragments de leur vie. « Le coffre, écrit Debora Levyh, n’était pas à eux, c’était eux. »
On le devine, rien, dans ce livre, ne fait référence à notre réalité, ni au Grand Réel, fût-il celui du poète René Char. Il s’agit en l’occurrence d’une nouvelle dimension, un espace que nous ne connaissons pas, que nous sommes loin de soupçonner.
« Voir, écrivait Edmond Jabès, c’est ouvrir une porte. » Ce que Debora Levyh nous donne à voir, nous ouvre probablement une porte sur le vaste inconnu.
– Yves Namur |