À propos du livre
Un siècle se divise couramment en deux moitiés. Ce n’est pas la raison pour laquelle cet ouvrage se présente sous la forme d’un diptyque. C’est plutôt parce qu’il réunit un texte paru voici cinquante ans et un autre, inédit, composé plus récemment, pour mieux illustrer le changement de focale à propos d’un monument littéraire.
Il y a beaucoup à dire sur Maeterlinck, et ce petit livre, à cet égard, confronte deux points de vue, opératoires l’un et l’autre aujourd’hui. L’essai de Roger Bodart, datant d’un demi-siècle, puisqu’il a paru initialement chez Seghers en 1961, insiste de manière intuitive sur sa modernité et garde une grande part de son impact. Celui de Paul Gorceix, le plus grand expert français de son œuvre, a été écrit en perspective d’une édition dans la Pléiade qui, signe des temps, ne s’est pas réalisée. Il a le mérite d’affronter l’œuvre théâtrale de Maeterlinck dans son ensemble, sans œillères et sans préjugés. De telle sorte que ces deux textes relancent pour des raisons différentes la lecture d’un écrivain qui pourrait bien, de la sorte, approcher de l’issue de son purgatoire au demeurant tout relatif.
Il fut un temps, comme les dernières pages du volume l’illustrent, où Rilke et Jarry, aussi étrange qu’il y paraisse, communiaient en ferveur maeterlinckienne. Une aussi paradoxale convergence a de quoi ébranler les plus sceptiques… |