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Albert Giraud. Son uvre et son temps
de Lucien Christophe
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Genre : Essai Format : 14,5 x 20 cm Nombre de pages : 142 p. Date de publication : 1960
Prix : 12,40 €
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À propos du livre (début de la première partie)
Albert Giraud nous propose l'exemple d'un homme qui pratiqua l'effacement de soi pour mieux alimenter et cultiver en lui un orgueil intellectuel qui se voulait exempt de faiblesse.
L'honneur de servir l'art passa toujours pour lui, le plaisir d'en être récompensé. Ce sentiment d'être investi d'une grande dignité, sans qu'il sentît la nécessité de l'extérioriser dans son attitude, lui conférait un prestige intimidant. Quand, introduit à la table des Jeune-Belgique par Ivan Gilkin qu'il connaissait déjà depuis longtemps, Valère Gille aborda Giraud pour la première fois, il en eut, dit-il, «les bras et les jambes coupés». En revanche, il fut tout de suite à l'aise avec Max Waller. Gustave Vanzype qui, en 1889, appartint pendant quelques mois à la rédaction de l'Étoile Belge et qui y rencontrait Giraud, n'osa même pas lui avouer son admiration. «Avec Eekhoud, pourtant plus sensiblement mon aîné que Giraud, les relations avaient été tout de suite très amicales, les distances très vite abolies. Il n'en alla point ainsi avec Giraud. Quand je quittai l'Étoile, je tutoyais Eekhoud. Je ne connaissais pas Giraud.» Même état d'âme que chez Valère Gille, on le voit, à l'ablation des membres près.
Cette réserve dont Albert Giraud ne se départit jamais, a gagné, quand ils parlent de lui, ses admirateurs et ses amis. Leurs témoignages ne sont pas différents de ce qu'ils seraient s'ils n'avaient connu Giraud que par le dehors. Lui-même s'est plu, non comme Stendhal, à brouiller les pistes, ce qui est un moyen indirect, mais fort efficace d'exciter les curiosités et de stimuler la recherche, mais à décourager les approches. Tenté de rédiger ses souvenirs, il a été pris de recul devant l'enfant qu'il avait été. «Il m'a ressemblé ; je ne lui ressemble plus. Je le ferai vivre devant vous comme un romancier fait vivre une créature de sa verve.» Et il l'appellera Jean Heurtaut. On se rend compte tout de suite que ce qui l'a séduit dans l'idée d'évoquer ses souvenirs, c'est, d'abord, le plaisir de retourner en pèlerinage aux rues de la vieille ville provinciale où il avait été élevé, dans ce Louvain disparu de ses enfances. La physionomie de la ville s'est singulièrement altérée en un siècle, et non pas seulement sous les coups des envahisseurs. Mais de toute façon, c'est un décor pour une ombre que le poète dresse, en s'attendrissant, dans ces «Souvenirs d'un autre».
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Table des matières
PREMIÈRE PARTIE : Commencements et orientation
Orgueil et prestige d'Albert Giraud. Albert Giraud et Jean Heurtaut. Enfance et adolescence à Louvain. Le critique s'éveille avant le poète. Débuts dans la Jeune Revue littéraire. Francioule et Marius Néminy. Il signe Albert Giraud pour la première fois dans le premier numéro de La Jeune Belgique. Encense Richepin, juge Zola, loue Pirmez, exécute Fernand Loise, publie Le Scribe. Le Vieux Tambour, les Rondels morbides, la Petite Chapelle.
DEUXIÈME PARTIE : Le Poète
Banville et Pierrot lunaire. Ce qu'en pense Pirmez. Gravité de Pierrot Narcisse. La virtuosité des poèmes de Hors du Siècle. L'art et l'amour. Albert Giraud chez les Valois-Angoulème. Les tulipes noires des Dernières Fêtes. Opinion de Gilkin sur les Dernières Fêtes. De la foire sur la place à la tour d'ivoire. L'apologue de l'Archange et de la Bête. Quinze ans de silence. Les poèmes païens. Rencontre d'Eros. Regards par la fenêtre. «La nuit de la Saint-Jean». Albert Giraud après 1914. Le laurier, le Miroir caché, le Concert dans le Musée. En haine du vers libre, Albert Giraud a accentué son attitude parnassienne. En fait échappe à toute classification pour faire mieux ressortir la liberté du message poétique. Quelques vers de poètes sans étiquette.
TROISIÈME PARTIE : Le Prosateur
CHAPITRE I : CONNAISSANCE D'ALBERT GIRAUD
Les intermittences du goût. De Suger à Mérimée. La bouteille à la mer. Inconnu en France, mal connu en Belgique. Même dans son oeuvre critique, ne cesse de servir la poésie.
CHAPITRE II : ALBERT GIRAUD POLÉMISTE
Les Jeune-Belgique défendent la cause de l'art pour l'art. Edmond Picard qui a le double de leur âge, voudrait les convertir à la cause de l'art social. Giraud taxe cette conception d'hérésie. Un Saint-Just avec un filet de vinaigre. L'Art Moderne traite les Jeune-Belgique de pasticheurs. Giraud se fâche. Picard s'obstine à vouloir dire leur fait aux poètes. Pierrot lunaire intervient. En 1891, Giraud est le directeur de la Jeune Belgique et les deux groupes font trève. Retour en arrière : histoire du Parnasse de la Jeune Belgique et de l'Anthologie des prosateurs belges. Discours de Giraud au banquet de La Jeune Belgique en 1891. L'incident Gustave Frédéricx-Georges Eekhoud. La Jeune Belgique prend parti contre le vers libre et le symbolisme. Naissance du Coq Rouge. Déclin de la Jeune Belgique.
CHAPITRE III : L'ESPRIT D'ALBERT GIRAUD
Du danger d'avoir de l'esprit. L'esprit et le bon sens. Quelques traits de Giraud. A toujours combattu trois monstres : «l'art social, le patois belge et le prétendu vers-libre.»
CHAPITRE IV : ALBERT GIRAUD ET LE VERS FRANÇAIS
La dignité de la forme et la rigueur des contours. Le poète est celui qui s'en va dans les mots. Jugements de Giraud sur Verlaine, Mallarmé, Corbière, Rimbaud, Maeterlinck, Van Lerberghe, Verhaeren, Grégoire Le Roy, Max Elskamp. Les attaques qu'il subit rétrécissent la vision de Giraud. Un accès de jansénisme. Deux vers de Le-conte de Lisle. La poésie française après l'ébranlement de la mêlée symboliste. Position de Péguy, de Valéry, de Maurras. Pourquoi leur témoignage est invoqué.
CHAPITRE V: ALBERT GIRAUD ET LA DÉFENSE DE LA LANGUE FRANÇAISE
Nous sommes condamnés à lutter contre le patois belge comme les habitants de nos côtes à lutter contre la mer. L'histoire du numéro consacré à la Belgique dans la Revue encyclopédique en 1897. Un personnage des Femmes sa-vantes. Étonnement de la critique française. Quelques exemples de «macaque flamboyant». La défense de la langue française au front belge en 1918. Un manifeste de Louis Boumai. L'opinion de quelques écrivains français sur la littérature française de Belgique à Royaumont en 1953. Pourquoi elle est à combattre. Giraud combat pour la langue française aux avant-postes de la latinité.
QUATRIÈME PARTIE : Destin d'un poète
Notice d'Albert Giraud sur Ivan Gilkin. Oubliant les querelles de doctrine, il ne veut voir en lui que le poète. Pourquoi j'ai montré Giraud dans les tourments de sa vie d'homme. Les amertumes du coeur, la fuite des amitiés. «La nature du poète est une» dit Giraud. Distinguer la force qui anime le poète et celle contre laquelle il se débat. Qu'est-ce qu'un poète pur? La hantise de l'adolescence et de la beauté chez Giraud. L'homme de désir et l'homme de combat. La vague et la flamme.
APPENDICES
I. Un problème d'orthographe.
II. Albert Giraud et Arnold Schônberg.
III. L'épisode du Mur de Marbre.
IV. Albert Giraud et la critique française
V. Le banquet Giraud en 1920.
BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE
INDEX DES NOMS CITÉS
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