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Les influences anglo-saxonnes sur les lettres françaises de 1850 à 1880
de Robert Gilsoul
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Genre : Essai Format : 16,5 x 25,5 cm Nombre de pages : 342 p. Date de publication : 1953
Prix : 19,80 €
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À propos du livre
Cette étude voudrait retracer l'action générale des influences anglo-saxonnes sur nos Lettres françaises de Belgique, de 1850 à 1880.
L'Angleterre victorienne resplendit alors; les États-Unis conquièrent leur rang, imposent leur génie ; notre littérature, elle, malgré Van Hasselt, de Coster, Pirmez, semble marquer à peine sur la carte du Réalisme international.
Il semble même que des temps ingrats soient revenus pour l'art, après ces années de 1815 à 1850, dont M. Gustave Chartier, dans Le Mouvement romantique en Belgique, a entrepris de révéler tout l'intérêt, montrant le dynamisme des influences étrangères et, parmi elles, des anglo-saxonnes.
C'est le destin de ces dernières que nous suivons au cours des trois décades qui nous séparent encore de la Jeune-Belgique. Nous tenterons de dire leur sens dans sa plénitude, tel que nous le démêlons de l'écheveau cosmopolite et comme nous l'a livré l'analyse d'une vie intellectuelle, où littérature, philosophie et politique turent singulièrement liées.
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Lire un extrait
Extrait du CHAPITRE PREMIER : LA PRESSE; LE DÉCOR ANGLAIS EN BELGIQUE
Quand on fouille une littérature à la poursuite des influences qu'elle a subies, on s'aperçoit qu'un pays étranger ne rayonne pas seulement par son art. Tout ce qu'il est dans son originalité totale, dans sa vie physique et morale, est communicable et peut influencer. Les images de la terre, le folklore, le caractère ut les activités des hommes, le passé et le présent politique et social, l'esprit qui semble mener la nation, tout cela peut passer de peuple à peuple, se fondre dans les moeurs, enrichir la langue et se refléter dans la littérature. L'Angleterre et l'Amérique auront ainsi pour la Belgique intellectuelle une signification qui dépasse celle de leurs Belles-Lettres, qui la contient, qui la commente. Pour l'évoquer dans son ampleur, il faudrait rendre compte de tous les contacts que nos écrivains ont pu avoir avec ces mondes d'outre-mer, soit en y séjournant, soit en fréquentant des Anglais et des Américains en tournée sur le continent.
Nous tâcherons de ne pas ignorer ce facteur. Mais, si dès 1850, le progrès des moyens de communication rend les déplacements plus aisés et plus fréquents et complique d'au-tant les conditions des influences, l'Imprimé reste la source de connaissance la plus commune et le document sur lequel l'Histoire peut tabler avec le moins d'inquiétude. Nous allons nous mêler aux publicistes anglophiles et américophiles de l'époque, mais auparavant, ne convient-il pas de signaler la force, régulière et pénétrante, avec laquelle la Presse remplit, en cette seconde moitié du 19e siècle, un rôle d'intermédiaire?
LA REVUE BRITANNIQUE ET AMÉDÉE PICHOT.
Dès ses origines, la Presse est facteur de cosmopolitisme. Depuis 1825, l'Angleterre est introduite dans le monde français par la Revue Britannique d'Amédée Pichot, aussi suivie, à Paris et à Bruxelles, que la Revue de Paris ou la Revue des Deux Mondes. En 185o, la Revue Britannique se présente comme «un choix d'articles des meilleurs écrits périodiques de Grande-Bretagne»; en 188o, la «nouvelle série», qu'inaugure Pierre-Amédée, fils d'Amédée Pichot mort en 1877, adopte le sous-titre de «revue internationale, reproduisant les articles des meilleurs écrits périodiques de la Grande-Bretagne et de l'Amérique». Ainsi, la Revue Britannique raconte toute l'Angleterre mais, dès 1850, elle est, avec la Revue des Deux Mondes, la porte par où l'Amérique pénètre. Et ce n'est pas seulement le monde anglo-saxon qu'elle introduit avec son atmosphère, c'est aussi le cosmopolitisme tel que le reflète le monde anglo-saxon, et surtout l'Angleterre impérialiste.
Aux articles qu'elle traduit des grandes revues, hautes dames de l'Intelligence britannique, avec lesquelles elle est dans les meilleurs termes et l'on sait que la Presse périodique est en Angleterre une institution nationale d'un volume et d'une importance que la Presse de France n'a jamais connus aux articles qu'elle choisit, en fonction de notre intérêt, dans l'Edinburgh Review, la Quaterly Review, le Blackwood's Magazine, le London Magazine, la Westminster Review, pour ne citer que les plus universellement fameuses, la Revue Britannique joint dans les six tomes épais de sa masse annuelle, de régulières correspondances de Londres où, par le menu, toute la vie anglaise se trouve évoquée. Comme beaucoup d'articles, les correspondances sont anonymes. C'est la manière britannique.
Jusqu'à la convention franco-belge du 22 août 1852, la Revue Britannique est, sitôt parue à Paris, sitôt reproduite sur les presses de notre contrefaçon. Après l'accord, loin de disparaître des vitrines de nos libraires, elle y partage la vogue croissante des périodiques français pour lesquels le marché belge est devenu très lucratif.
Matériellement, la Revue Britannique appartient autant à la Belgique qu'à la France. A Bruxelles, elle est publiée sous la raison sociale de nos éditeurs. Méline, Cans et Cie ont ce monopole en 1850, grande maison qui avait une filiale à Leipzig (J. P. Méline), une autre à Livourne. En 1856, pour complaire à la nombreuse clientèle de Belgique, le siège parisien de la Revue rend officielle une «édition franco-belge, nouvelle série». F. Stappaerts en est le directeur et le bureau s'ouvre au 17 de la rue des Sables. Tous les quinze jours, la «partie belge» en sort, mince cahier qui s'ajoute à chaque livraison française. Peu ou même pas de littérature : une chronique politique la «lettre de Bruxelles», très intermittente, que signe Stappaerts et d'importantes contributions sociologiques ou scientifiques de Jean-Charles Houzeau de Lehaie, Stappaerts, Van Bruyssel et Émile de Laveleye. En 1862, la Revue Britannique, partie belge comprise, se retrouve chez Méline et Cans, 35, boulevard de Waterloo. En 1864, elle émigre à l'Office de Publicité, chez Lebègue, 5, rue Jardin d' Idalie, mais elle se vend encore impasse du Parc, chez Lacroix-Verboeckhoven, et chez Decq, à la Librairie polytechnique. Cette réimpression, qui survit avec quelle vigueur! aux accords internationaux, a une conséquence importante, la modicité du prix.
En 1858, on souscrivait pour 28 francs à l'année de la Revue Britannique (3) (6 tomes de 400 à 500 pages), alors qu'il fallait 42 francs pour la Revue des Deux Mondes, 44 pour la Revue Contemporaine et pour l'Athenaeum Français et 46 pour la Revue Germanique. |
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Table des matières
AVANT-PROPOS
PREMIÈRE PARTIE : CONNAISSANCE DE L'ANGLETERRE (1850-1880)
CHAPITRE PREMIER
LA PRESSE, LE DÉCOR ANGLAIS EN BELGIQUE.
La Revue Britannique et Amédée Pichot. Les quotidiens; les périodiques ; les illustrés de l'art et de l'humour. La connaissance de la langue anglaise. Décors anglais en Belgique ; « colonies » an-glaises ; quelques résidents ou voyageurs de marque. Épanouissement de la presse quotidienne belge ; le reportage. Les antennes anglo-saxonnes des revues littéraires belges
CHAPITRE II
L'ANGLOPHILIE FRANÇAISE ET SES ÉCHOS EN BELGIQUE.
Le Libéralisme : le salon de Broglie ; Guizot et sa famille. Montalembert et la question romaine. L'Angleterre et la critique littéraire en France (Taine, etc.). Le cosmopolitisme mondain sous le Second Empire
CHAPITRE III
L'ANGLOPHILIE BELGE.
Léopold et Victoria ; Sylvain van de Weyer, Auguste Baron, Joseph Delepierre, Louis Hymans. La Guerre de Crimée : la France, l'Angleterre et la Belgique (1853-1855). Le libéralisme francophobe, flamingant et anglophile de Lucien Jottrand (1852) : L'exposition universelle de 1851 et les suivantes ; La vision et la leçon de Londres et de l'Angleterre. Une synthèse d'anglophilie, Émile de Laveleye. L'anglophilie catholique. Le mécénat anglo-saxon, quelques vedettes de l'art international et la Belgique
CHAPITRE IV
VOYAGEURS ET PROSCRITS, INTERMÉDIAIRES ENTRE L'ANGLETERRE ET LA BELGIQUE.
Deux voyageurs de l'art : Rodenberg et Thoré. L'émigration italienne. L'émigration slave. L'émigration française (Louis Blanc, Edgar Quinet). Victor Hugo, sa tribu et Shakespeare
CHAPITRE V CONSÉQUENCES DE SEDAN (1870).
Camille Lemonnier et le renouveau gallophile. Nouvelles errances : Jules Valles, Félix Pyat, l'Internationale. Émile de Laveleye proclame la supériorité des Germains protestants des deux Mondes
SECONDE PARTIE CONNAISSANCE DES ÉTATS-UNIS (1850-1880)
CHAPITRE PREMIER
L'ÉMIGRATION.
Le drame européen. Une source de la Nouvelle Carthage. Les humbles débuts d'un thème d'art
CHAPITRE II
LES RELATIONS BELGO-AMÉRICAINES.
Diplomatie ; les émigrés belges aux États-Unis. Les relations culturelles. La Presse
CHAPITRE III
L'AMÉRICOPHILIE FRANÇAISE ET SES ÉCHOS EN BELGIQUE.
La Société américaine en France sous le Second Empire. Les utopistes « sociétaires » français (Cabet, Considérant), les libéraux (A. de Tocqueville, A. de Gasparin, E. de Laboulaye, etc.). La Guerre de Sécession (1861-1865). L'exotisme américain et la littérature de voyages. L'incidence du cosmopolitisme sur la connaissance des États-Unis
CHAPITRE IV
L'AMÉRICOPHILIE BELGE.
I)eux voyageurs : Julien Deby, Charles de Lavrière. La Guerre de Sécession ; deux Wallons américophiles : Dulieu et Houzeau de Lehaie. Autres manifestations américophiles
TROISIÈME PARTIE : LES IDÉES ET LES SENTIMENTS (1850-1880)
CHAPITRE PREMIER LE RÔLE DES ÉDITEURS.
Les éditeurs belges (Lacroix, Hetzel, etc.). Le baron Tauchnitz ; les éditeurs français (Hachette, etc.)
CHAPITRE II LES IDÉES PHILOSOPHIQUES ET RELIGIEUSES (MILE, DARWIN, SPEN L'«ÉCOLE ANTIMÉTAPHYSIQUE»). La Renaissance philosophique anglaise et la Belgique. Le «Sécularisme anglais». La tradition de l'Empirisme : François Bacon, Hobbes et Locke. La conjonction positiviste franco-anglaise; Stuart Mill et ses interprètes. Darwin et la conjoncture transformiste en Belgique. Herbert Spencer. La guerre au Miracle. Reflets littéraires de l'activité philosophique; le réalisme belge; Charles De Coster; André Van Hasselt
CHAPITRE III
L'IDÉALISME ANGLAIS.
Fortune de l'inconnaissable de Spencer. La Broad Church : une solution? Goblet d'Alviella et l'unitarisme anglais. La prédication pro-testante et la réaction catholique. Influence de la Renaissance catholique d'Oxford : Newman. Wiseman (Fabiola). Manning. Lord Acton et la démocratie chrétienne
CHAPITRE IV
L'IDÉALISME AMÉRICAIN.
Une tradition du XVIIIe siècle : Benjamin Franklin, Channing et le libéralisme. Apparition d'Emerson. La leçon littéraire des penseurs américains. La méditation idéaliste d'Octave Pirmez
CHAPITRE V
LES IDÉES SOCIALES ET POLITIQUES.
Le paupérisme. Les remèdes. La querelle féministe
CHAPITRE VI
LE ROMAN ANGLO-SAXON ET LE RÉALISME BELGE.
«Réalisme idéalisé», teinté de gallophobie et de sensibilité nordique. La tradition romanesque anglaise du XVIIle siècle (Richardson, Swift, De Foe). La royauté de Dickens. Trois comparses de Dickens : Reade, Kingsley, Collins; Miss Braddon et la «Sensation novel». Thackeray, Sir Bulwer-Lytton. Disraëli, incarnation de l'idéalisme anglais. Trollope, Charlotte Brontë; George Eliot; le féminisme littéraire victorien. Le succès de l'Oncle Tom. Le roman américain
AUTRES PERSPECTIVES ET VUE D'ENSEMBLE
INDEX DES NOMS
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