Lire un extrait
Au printemps qui réveille l'alouette dans les blés maigres, ma lande bouge sous le soleil en gloire. Les vents du matin ploient les pavois bruns et violets qui viennent au pas des cortèges, et les vieux argents sur les velours des hampes s'allument pour le ralliement des foules accourues. Les saints flamands sur les bannières ont des gestes d'appel ou de rixe, et c'est d'un bout de l'aube à l'autre une marge figurative sous l'égide des patrons mystiques vers les villes d'amour annoncées par des fois antérieures. C'est fête d'âmes et célébration sous la lumière d'anciens miracles ! Le soleil d'ailleurs a rebondi sur les plaines d'hiver, et à vaste éclaircie suscita d'invisible résurrections, de l'épi jusqu'au cur en passant par la bête. Les herbes tressaillent. La parade des hautes croix de cuivre se prolonge. Et les strophes latines, clamées puissamment, avouent à l'éternité pressentie des vérités souveraines
À l'aurore, vigies fulgurantes, quatre anges à robe pourpre, aux quatre ciels, embouchèrent leur trompette d'or et lancèrent les sonneries inaugurales qui roulèrent par les zones spirituelles d'azur
Le dôme étoilé émerge des pans vers de la colline, dressé sous les nuages brabançons par une pieuse volonté d'archiduc. Les cloches chantent de plaine en plaine. En leur portement d'insignes, de reliquaires et de statues aux plis de chêne, les foules affluent et se joignent, semble-t-il, sur les routes natales, en une même halte vers la halte catholique au son des fanfares paroissiales.
Vierge des sept glaives, vierge sangloteuse, vierge sous entrailles amères, étoile mystérieuse, porte du ciel irrévélé, amante des martyrs, joyau de parures divines, phares dans l'ouragan, bouclier des derniers combats, ténèbre en feu, mère des enfants mauvais, reine des hères, petite bonne femme de l'adoration populaire, impératrice du silence et de l'affliction, Mario
(comme on dit chez nous
).
Tout est tendresse, en moi-même et par l'espace!
|