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Le vocabulaire professionnel du Houilleur borain. Étude dialectologique
de Pierre Ruelle

Pierre Ruelle - Le vocabulaire professionnel du Houilleur borain. Étude dialectologique

Genre : Philologie et linguistique
Format : 16,5 x 25,5 cm
Nombre de pages : 213 p.
Date de publication : 1953 (2e éd. 1981)
Prix : 11,40 €

À propos du livre (texte de l'Introduction)

Les patois se meurent, la chose est entendue. Mais du moins, l'agonie de certains se prolongera-t-elle encore longtemps. Le borain semble bien être un de ceux-ci. Et même le jour où il ne sera plus que du français régional, un domaine subsistera cependant qui conservera encore une partie du vocabulaire dialectal. C'est le domaine de l'industrie houillère. De même que le paysan gallo-romain a continué à parler de ses techniques propres avec nombre de mots des aïeux gaulois, de même le houilleur borain, pendant une durée indéterminée mais probablement longue encore, continuera d'employer les termes traditionnels. Car l'enseignement obligatoire, la radio, la presse et le snobisme, fourriers ordinaires de la langue française chez les patoisants, sont bien empêchés de fournir, dans ce domaine, des vocables de remplacement. À part un nombre somme toute restreint de termes généraux dispensés par les écoles techniques, porions et ingénieurs emploient les mots des ouvriers : il n'en existe pas d'autres.

L'extraction de la houille dans le Borinage, malgré le pessimisme de certains, n'est sans doute pas près de cesser. De gros capitaux ont été, depuis la guerre, investis dans certaines exploitations. L'énergie atomique, au dire des techniciens, ne paraît pas pouvoir être employée dans le domaine industriel avant plusieurs décades. Enfin, il est peu probable que les accords internationaux en préparation marquent l'arrêt complet de l'extraction de la houille dans le Borinage.

Une étude comme celle-ci n'aurait donc rien d'urgent, n'étaient les progrès de la technique extractive. Les procédés d'exploitation se renouvellent rapidement, l'ancien outillage disparaît. Des outils d'usage courant voici trente ans achèvent de se rouiller dans les greniers avant de disparaître dans la charrette du marchand de ferraille. Et ce qui est nouveau est désigné par un vocable français, plus ou moins déformé, il est vrai, ou par une expression imagée, souvent pittoresque mais sans histoire. Il faut donc se hâter de fixer l'ensemble du vocabulaire de la houillerie dans le Borinage; qui sait si tel terme communément employé aujourd'hui ne sera pas désuet demain.

Sans prétendre à être complet, je me suis efforcé de recueillir le plus grand nombre possible de mots et de noter les phrases les plus typiques. Je me suis borné à l'usage actuel. J'entends par là le vocabulaire employé, ou seulement connu, par des mineurs d'aujourd'hui. Cette définition englobe donc des termes, peu nombreux du reste, qui ne vivent plus que dans la mémoire des vieillards.

Faut-il dire que le modèle que je me suis imposé en cette matière a été La Houillerie Liégeoise de Jean Haust? C'est d'ailleurs à ce Maître regretté que je dois l'idée de mon enquête. En 1945, en effet, il avait demandé à Mademoiselle Julia Bastin, professeur à l'Université Libre de Bruxelles, si parmi ses élèves originaires du Borinage il s'en trouvait un qui voulût étudier le vocabulaire des houilleurs de cette région. La présente étude répond ainsi à un voeu exprimé à plusieurs reprises.

C'est donc sous la direction éclairée de Mademoiselle Julia Bastin que j'ai classé les matériaux recueillis au cours de mes enquêtes et que j'ai donné une première forme à ce mémoire.

M. Albert Henry, dont je suivais le cours de dialectologie, a bien voulu ensuite s'intéresser à mes recherches et m'a apporté l'aide inlassable de sa science philologique.

J'ai pu, en outre, tirer parti des observations précieuses de MM. J. Herbillon, E. Legros et L. Remacle, chargés, par la Commission Royale de Toponymie et de Dialectologie, de faire rapport sur mon travail.

Je remercie ici, très vivement, les uns et les autres.

J'ai parfois osé m'écarter de leurs avis : c'est à cette présomption qu'il faut attribuer les erreurs et les imperfections que le lecteur ne manquera pas de relever.

Ma gratitude va aussi à l'Académie Royale de Langue et de Littérature françaises et à la Commission Royale de Toponymie et de Dialectologie qui ont assumé conjointement les charges financières de cette publication.

J'ai fait précéder le Vocabulaire d'un Aperçu grammatical sur le patois de Pâturages. On trouvera, p. XXIII, la justification de cette partie.

Le Vocabulaire lui-même présente dans l'ordre alphabétique les matériaux recueillis. Le classement par «centres d'intérêt» ou selon le voisinage des objets et des phénomènes décrits aurait peut-être donné plus d'attrait à l'ouvrage, la lecture en aurait peut-être été rendue plus aisée au profane, mais la philologie y eût perdu quelque chose à supposer que le pittoresque y eût gagné. Après tout, il ne s'agissait pas d'écrire un reportage mais un lexique facile à consulter et c'est pourquoi, voulant faire oeuvre dialectologique immédiatement utilisable, j'ai adopté la formule simple et usuelle du classement alphabétique. On trouvera pour chaque terme du Vocabulaire les renseignements suivants dans l'ordre indiqué : la notation phonétique, la nature grammaticale précisée par les indications d'usage, les différentes acceptions énoncées dans l'ordre de leur fréquence et accompagnées d'exemples, l'étymologie à moins que la traduction française n'ait indiqué suffisamment que le mot borain et le mot français ont même origine.

Un mot d'abord au sujet des graphies. Pour la notation des exemples, je me suis conformé aux règles de Feller. Je m'en suis pourtant écarté en ce qui concerne la voyelle o. Comme on le lira, p. XXIV, le o ouvert est pratiquement inconnu dans le dialecte que je décris. Celui-ci ne possède qu'un o fermé et un o très fermé nettement distincts, l'un et l'autre pouvant être longs ou brefs. Le o bref fermé ou très fermé sera noté o et le o long fermé ou très fermé sera noté ô. Le e sourd, lorsqu'il se fait entendre, sera noté dans le texte par é. J'ai usé des tolérances admises par les Règles d'orthographe wallonne partout où la parenté avec des mots du français ou de l'ancien français pouvait être saisie à simple lecture (trait, hoûrd, saudârd…). Du reste, pour plus de précision, je me suis attaché à fournir une transcription phonétique de chaque terme repris au lexique (voy. p. XVII).

Partout où l'écart m'a paru sensible, j'ai fait précéder le sens technique d'un mot de la signification plus large que ce mot peut posséder dans le dialecte courant. Il arrivera que, par souci de clarté, ce sens large soit indiqué dans la notice étymologique ou seulement en fin d'article. Cette manière de procéder m'a le plus souvent dispensé, je crois, d'indiquer pour chaque mot s'il appartient exclusivement au langage de la houillerie.

L'indication «Fr.» (ou «A. fr.») ne signifie nullement qu'il y a eu emprunt mais que le mot borain et le mot français (ou ancien français) remontent à un étymon commun et que seules les lois phonétiques particulières leur ont donné un aspect différent. Le correspondant français sera mis entre guillemets s'il présente un sens assez différent de celui du mot borain; s'il constitue un barbarisme, il sera précédé de l'astérisque. Les cas d'emprunt seront spécifiés. À l'exemple des principaux dictionnaires étymologiques, j'ai donné au nominatif les mots latins dont l'accusatif est à l'origine du mot moderne considéré.

Pour ne pas allonger démesurément cet ouvrage, j'ai écarté des mots que chaque mineur emploie tous les jours mais sans leur donner une autre acception que n'importe quel travailleur borain d'une autre corporation (ouvrer, travailler; flauner, frapper comme avec un fléau; brèks, fiés, boue; etc.). Toutefois, il était difficile de se montrer trop absolu dans une telle discrimination. Aussi ai-je gardé certains termes non spécifiques mais désignant des objets ou des actions suffisamment caractéristiques de la mine. J'ai d'autre part écarté des mots comme éngênieûr, martiau-pic…, néologismes repris du français et sans intérêt pour la dialectologie.

Bien que cette étude n'ait rien de didactique (en ce qui concerne la technique de l'exploitation des mines), force m'a bien été d'entrer dans quelques détails de technologie ou de géologie et d'employer le vocabulaire adéquat. Je m'excuse de ce qu'il peut avoir de rébarbatif. Dans le même ordre d'idées, on remarquera que j'ai fréquemment employé le mot «bois» au sens de «pièce de bois de mine»; je n'ai fait que me conformer en cela à l'usage des manuels traitant de ces questions.


Aire de l'enquête

Les limites du Borinage sont imprécises. Usant de critères différents, le géographe et le dialectologue ne peuvent se mettre d'accord. Le premier, se fondant sur la géologie et la géographie économique, tend à englober dans la région qui nous intéresse tout le bassin houiller situé au sud-ouest de Mons jusqu'à la frontière française. Mais cette conception est vague, à telle enseigne que le Corps des Mines a rejeté le terme «Borinage» pour adopter la dénomination «Couchant de Mons». En effet, depuis 1900, un certain nombre de localités situées à la périphérie du domaine esquissé ci-dessus ont vu leurs houillères se fermer : Ciply, Genly, Ghlin. L'extraction de la houille a, par contre, gagné Harchies, Tertre, Hautrage, d'autres localités encore… Dira-t-on que la surface du Borinage a augmenté ou diminué! Il est évident que l'acception d'un terme géographique ne peut être soumise à des fluctuations de cette nature.

Les habitants de Wasmes, Quaregnon, Hornu, Boussu, Dour, Warquignies, Pâturages, Eugies, Flénu, Jemappes, Cuesmes, Wasmuèl se disent aujourd'hui Borains et personne ne songe à leur contester ce droit. À Frameries et à La Bouverie, on revendique le même titre et nous verrons ce qu'il faut en penser. Personne dans les villages que je viens de citer ne considère comme Borains les habitants d'Ëlouges, Noirchain, Genly, Wihéries qui pourtant prétendent l'être. Force est donc bien de scruter le patois pour se faire une opinion, car aucun élément historique ne peut venir en aide en cette matière. Le mot «borain» lui-même n'est pas attesté avant le XVIIe siècle.

Mais ce n'est pas ici le lieu de comparer les vocables et les tournures. Disons seulement que le langage possède une unité remarquable dans les localités suivantes citées d'ouest en est : Hornu, Warquignies, Wasmes, Quaregnon, Pâturages, Wasmuël, Jemappes, Flénu, Cuesmes. Elles constituent le centre du bassin houiller dénommé Couchant de Mons. C'est sur les termes employés par les mineurs de ces localités que mon enquête a porté en ordre principal. C'est leur parler que j'appellerai le borain. La notation phonétique et les exemples correspondent à la prononciation de Pâturages, qui est la mienne.

(Je dois ajouter une remarque à ceci. La prononciation du patois, de même que son vocabulaire, varie dans une certaine mesure selon la classe sociale à laquelle appartient ou veut appartenir le patoisant. Il est des sons, des mots, voire des tournures qui sont considérés comme grossiers. Celui qui les emploie est de la malète, de la «basse classe»! Et c'est ainsi que fro disparaît devant froid, kéyêre devant chaise, eue devant iau, ci pus timpe [littt : ci plus tôt ; cf. ci-devant] devant il a lonmint ou clins 1' temps. Il va sans dire que je me suis constamment référé au langage de la pire malète!)

Quant à Frameries et à La Bouverie, leur dialecte commun est fort différent de celui que j'ai adopté pour mon étude. Les formes locales, où les wallonismes sont nombreux, contrastent curieusement avec les formes franchement picardes du borain ci-dessus défini. (Finale -ia correspondant à la finale bor. -iau : biabiau [fr. beau]. Finale -î correspondant à la finale bor. -é ou -ié [fr. -é, écrit de diverses manières, après yod, chuintante ou vélaire] ; pî-pié [fr. pied] ; couminchî-couminché [fr. commencer] ; kérkî — kèrkié [fr. charger]. Pronom pers. le pers. du sing. dju au lieu du bor. dé. Etc.). Une enquête sommaire m'a permis de constater que des recherches poursuivies de ce côté ne m'apporteraient guère de mots nouveaux, prononciation à part. Aussi y ai-je renoncé.

Compte tenu de ce qui vient d'être dit, on peut admettre que le présent vocabulaire est employé journellement, en partie du moins, bien entendu, par les 18.595 mineurs indigènes de la région (11.004 pour le fond et 7.591 pour la surface). En outre, 1o.668 mineurs étrangers (10.582 pour le fond et 86 pour la surface) l'empruntent tant bien que mal, n'ayant pas d'autre truchement avec leurs compagnons de travail.

J'ajouterai, pour terminer ce chapitre, que dans tout le Couchant de Mons, y compris Frameries, y compris aussi les sièges d'extraction les plus excentriques, il y a peu de variations dans le vocabulaire. Et ceci s'explique par le fait que les mineurs travaillent souvent dans des houillères éloignées de leur domicile et qu'ils y rencontrent des camarades venus de tous les points de la région. Si l'on ajoute à cela la facilité avec laquelle à certaines époques, pas très éloignées de nous, ils ont pu «reprendre leur livret» pour aller s'embaucher ailleurs, l'existence d'un vocabulaire technique à peu près uniforme n'aura rien de surprenant.


L'auteur de l'enquête et les témoins.

Je suis né le 10 avril 1911 à Pâturages. Ma maison natale, où j'ai vécu jusqu'à vingt-deux ans, est située à trois cents mètres environ des confins de Wasmes et de Quaregnon. Mon père était cordonnier et mon grand-père paternel, houilleur. Mon grand-père maternel, mon oncle et mes cousins ont été ou sont des chaudronniers. Mes deux frères aînés sont contremaîtres de cordonnerie, mais l'un d'eux a travaillé «au fond» pendant six ans et l'autre a travaillé «au jour» pendant quatre ans. Tous les miens sont nés et ont vécu à Pâturages, aucun n'y a fait plus que des études primaires. En famille, la conversation s'est toujours faite en patois et je n'ai jamais, sauf en présence d'étrangers, usé d'un autre langage avec mes parents, mes frères, ma soeur ou les voisins. J'ai fréquenté jusqu'à quatorze ans une des écoles communales du village, puis jusqu'à dix-neuf ans l'École Normale de Mons, mais je rentrais chaque jour à Pâturages. C'est encore dans mon village natal que j'ai ensuite été instituteur pendant dix ans. Mes études universitaires sont postérieures à cette époque. Il y avait dans mon enfance quatre charbonnages en activité dans un rayon d'un kilomètre environ autour de la maison paternelle. Le plus proche, où avait travaillé mon grand-père, n'en était distant que de deux cents mètres. La plupart des voisins étaient des mineurs.

Un charbonnage, pour les gens de la surface, c'est un bâtiment d'usine qui ne se distingue guère des autres que par les deux énormes poulies qui le surmontent, une cheminée de dimensions respectables et un terril, c'est-à-dire une colline de terre noirâtre dont la masse seule donne à penser. Mais ce ne sont là que les organes extérieurs d'un appareil fort complexe, les signes, visibles au profane, d'une vie souterraine compliquée. En son genre, une mine de houille est un organisme aussi diversifié qu'un trois-mâts, un paquebot ou un avion moderne.

On comprendra que mes connaissances propres en ce domaine étaient limitées et approximatives. Je les ai étendues et précisées à l'aide de divers manuels dont les deux principaux sont le Cours d'exploitation des mines de F. Racheneur et la Géologie de J. Cornet.

Plus qu'en bien d'autres matières, il importait ici de choisir des témoins parfaitement qualifiés par leurs connaissances techniques autant que par leur familiarité avec le patois. J'ai d'abord eu recours à M. Léon Gobert (né à Hornu en 1894, décédé à Wasmes en 1948). M. Gobert avait travaillé au fond au puits n° 12 du Grand-Hornu depuis l'âge de dix ans et il y avait rempli successivement toutes sortes de fonctions. À l'époque de mon enquête, en 1947-1948, il était chef-marqueur et «descendait» encore chaque jour pour quelques heures. Il était professeur d'exploitation des mines à l'école industrielle de Pâturages et a pu me fournir immédiatement un nombre considérable de termes et d'explications. Certains détails m'ont été expliqués par lui à l'aide de maquettes dont il était l'auteur ou au fond même de la mine que je visitais en sa compagnie. Une liste de quatre cents termes a été polycopiée et une centaine d'exemplaires ont été distribués dans tout le Borinage. En annexe, avec les recommandations d'usage, je demandais aux ouvriers, porions, chefs-porions et ingénieurs consultés, de lire la liste, de la compléter et de me la renvoyer après y avoir inscrit leur adresse et leur spécialité afin que je pusse leur demander la signification d'un mot au cas où personne ne pourrait me la fournir dans mon entourage. Cette phase de l'enquête a été fort décevante : les trois quarts des questionnaires ne sont pas rentrés, une foule de termes n'étaient que des variantes graphiques de ceux que j'avais fournis. Néanmoins, j'ai pu recueillir quelques mots rares et des expressions savoureuses.

J'ai alors continué mon enquête orale et j'ai bénéficié de l'expérience de M. Armilde Collart (né à Pâturages en 189o, décédé dans la même localité en 1949). À part un séjour de cinq ans en Colombie, de 1933 à 1938, M. Collart avait toujours habité son village natal. Travailleur du fond depuis l'âge de dix ans, il avait successivement rempli dans divers charbonnages de Pâturages, de Wasmes et d'Hornu des fonctions analogues à celles de M. Gobert. Il était depuis quelques années secrétaire de l'École d'Exploitation des Mines des Charbonnages d'Hornu-et-Wasmes. Il m'a généreusement consacré à peu près tous les dimanches de l'hiver 1947-1948.

J'ai eu aussi, occasionnellement, recours à M. Remy Roland (né à Quaregnon en 1886, décédé à Pâturages en 1950), ancien directeur des travaux du fond au Fief de Lambrechies à Pâturages. C'était un héros de la mine, titulaire de multiples décorations, et, auteur patoisant, il était particulièrement précieux par sa connaissance des termes désuets. M. Élie Cornez de Pâturages (né à Pâturages en 1899), ancien mineur, délégué à l'Inspection des Mines et professeur d'exploitation des mines à l'école industrielle de Wasmes, m'a fourni en matière de technique quelques précisions utiles. Enfin, Monsieur le Ministre d'État Achille Delattre, de Pâturages, ancien houilleur, a bien voulu parcourir la première version dactylographiée de cet ouvrage et me communiquer par lettre quelques remarques dont j'ai tiré profit.

Peut-être n'est-il pas superflu d'indiquer que tous les entre-tiens avec les témoins que j'ai nommés, ainsi qu'avec de multiples mineurs pensionnés, se sont toujours déroulés en patois.

Que Monsieur le Ministre Delattre et Monsieur Cornez trouvent ici l'expression de mes remerciements et puisse ce livre honorer la mémoire de Messieurs Gobert, Collart et Roland.


Quelques mots d'histoire.

Nous noterons seulement que l'industrie houillère dans le Couchant de Mons est attestée par un acte du 6 juin 1248 réglementant l'exploitation du charbon de terre dans les fiefs sous juridiction de divers seigneurs haut-justiciers de la région. Il est cependant fort probable que les «uevres de carbon», comme disent les actes, ont été pratiquées dans le Borinage dès le onzième siècle. (Cette question a été traitée en détail par G. Dec., I, pp. 37 et ss.). Les houillères liégeoises sont antérieures de quelques dizaines d'années, si l'on s'en tient uniquement aux documents écrits. A l'étranger, seule l'Angleterre serait en mesure de fournir pour sa houillerie des lettres de noblesse plus anciennes. Un acte de Guillaume de Normandie, datant de 1066, ferait mention en effet des houillères de New-Castle-upon-Tyne.


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