À propos du livre
Robert Goffin, figure aussi prestigieuse qu’insolite des lettres belges, avocat de haute renommée, poète pionnier qui a emprunté des voies formelles et thématiques auxquelles ses amis Max Jacob et Blaise Cendrars n’étaient pas étrangers, premier grand héraut du jazz américain en Europe (familier de Louis Armstrong, il intitula l’un de ses premiers recueils, parus en 1922 – il avait 24 ans –, Jazz-Band et publia la première grande étude sur le sujet, que préfaça Pierre Mac Orlan), inscrivit, entre 1936 et 1938, dans une collection de romans animaliers conçue par leséditions Gallimard, trois contributions qui rompaient en
visière avec le programme. Ils n’évoquaient pas en effet des espèces réputées attachantes, voire sympathiques. Qu’on en juge : l’anguille, le rat et l’araignée ne s’inscrivent pas au palmarès des meilleurs amis du genre humain. Et
pourtant, il consacra un volume à chacun des trois! En commençant par l’anguille, dont Michel Onfray nous dit, dans Cosmos, que nous lui sommes semblables «par plus d’un trait»…
C’est donc à ces mal-aimés que son esprit de contradiction (exercé au prétoire?) s’attache, avec une originalité et une verve singulières qui sont propres à un grand auteur que cette réédition (dont voici le premier volet) permettra, à l’occasion du cent vingtième anniversaire de sa naissance, de redécouvrir.
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