À propos du livre
Dans le sillage de Maeterlinck, qu’il vénérait, Robert Goffin,
poète aventureux, et introducteur visionnaire du jazz en
Europe (il correspondait avec les pionniers de cette musique
qui bouleverserait les sensibilités au lendemain du premier
conflit mondial) s’attela, comme son modèle, à portraiturer
des espèces animales qu’il jugeait dignes de célébration.À ceci près qu’à la différence de l’auteur de La Vie des abeilles,
il jeta son dévolu sur des créatures délaissées, voire craintes et méprisées. Son élection, parmi les espèces vivantes, des
anguilles, des rats et des araignées est en effet pour le moins
audacieuse, non conformiste et paradoxale.
Ce deuxième volume de la trilogie, dévolu aux rats, est
particulièrement provocant. Espèce pas précisément noble, le
rat est un mal-aimé, c’est le moins que l’on puisse dire. Goffin
ne le réhabilite pas, ce n’est pas son propos, mais dévoile un
certain nombre de ses mystères. Comme le relève Marc Danval
dans son avant-dire, l’animal ne lui inspire pas le moindre
sentiment de passion. Mais la fascination n’est pas absente de
son approche. Il constate que « les rats sont mis en parallèle
avec une sorte de gang de la fiscalité fantomatique qui pille
et rançonne l’homme à son insu ».
Ce qui transpire de cette étude visionnaire et paradoxale,
c’est l’exceptionnelle émancipation imaginative d’un auteur
insolite et déroutant, chez qui l’esprit de sérieux n’exclut pas
l’imagination vagabonde et la tranquille subversion de toute
approche conventionnelle.
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