À propos du livre
L’Île des pas perdus (1967) a pour décor l’île de Ré. Ce livre distillant l’inquiétude contraste apparemment, par son réalisme de surface, avec les oeuvres précédentes de l’auteur, plus ouvertement insolites. Mais, à y regarder de plus près, on constate que Paul Rigaud, le héros ― ou, plus exactement, l’anti-héros ― du roman, « s’efface », lui aussi, à sa manière. Adolescent prolongé, solitaire et vulnérable, qui évolue dans un monde peuplé d’adultes sûrs d’eux-mêmes, il va tenter, en aidant un forçat évadé, de s’écarter de ce
milieu qui l’oppresse.
Cette « fugue en ré » (Muno avait envisagé dans un premier temps de donner ce titre à son roman) se révèle un écrit fondateur de son auteur, qui va retrouver au fil de son œuvre, dans Ripple-marks notamment, le bord de mer
comme un lieu par excellence de la confrontation à soi et de l’examen de conscience. De sorte que l’on découvre ce qui pourrait bien être l’un des textes les plus éclairants de l’auteur des Histoires singulières.
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