À propos du livre
Lorsque Dubrau publie À la poursuite de Sandra, elle a cinquante-neuf ans. Ce roman, dont elle disait qu'il était avec Un seul jour celui qu'elle préférait, lui valut le Prix Rossel en 1963. Chargé, lui aussi, d'
une sensualité d'autant plus forte qu'elle est ascétique, ce livre écrit dans une langue épurée de toute scorie est au centre de l'uvre le phare qui en éclaire l'ensemble. Tous les personnages féminins des romans précédents et suivants gravitent autour de la figure à la fois énigmatique et transparente de Sandra se révélant à mesure que se recoupent les récits des hommes et d'es femmes qui l'ont connue. [
] Le narrateur dans ce roman est un homme hanté par le souvenir d'une maîtresse qu'il a aimée d'un amour peu attentif. Le départ imprévisible de Sandra a suscité en lui ce qu'il décrit comme «une colère de propriétaire lésé qui se mue peu à peu en inquiétude et en regret poignant» de ne l'avoir pas mieux connue. Le désir de la retrouver l'obsède. Non pour la reconquérir, car il sait que ce serait la perdre à jamais, mais pour comprendre qui elle était réellement, comme s'il pressentait qu'en la connaissant il se connaîtrait lui-même, comme si son propre secret était enfoui au tréfonds de l'âme de Sandra.
Parcours labyrinthique dans lequel on progresse à travers des sites que Louis Dubrau connaît pour les avoir visités ou habités, et qu'elle dépeint en quelques coups de pinceaux, avec une admirable concision. De Paris à Lisbonne, d'Abidjan aux Açores où Pierre apprendra la mort de Sandra, en passant par cette campagne du Tournaisis où Louise Scheidt vécut les vacances les plus heureuses de son enfance.
Tout au long de cette poursuite, nous assistons à la métamorphose d'un homme. À mesure qu'elle s'absente plus inexorablement de sa vie, Sandra le révèle à lui-même.
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