À propos du livre
«Il y a deux hommes en lui, disait Remy de Gourmont de Maeterlinck : le poète dramatique et l'essayiste, et tous les deux ont renouvelé également dans la forme et dans l'essence les sujets qu'ils ont abordés.» Gourmont avait vu juste. Avec Maeterlinck, la littérature s'est agrandie d'une dimension, celle de l'Inconnaissable, et de la manière de l'écrire, soit de le suggérer.
Poète et dramaturge, Maeterlinck est surtout représentatif du mouvement symboliste. Mais à côté de l'œuvre du poète mystérieux, il y a aussi un Maeterlinck essayiste et observateur de la nature.
Les 4 volumes de ces Œuvres permettent au lecteur de découvrir le poète sous tous ses aspects.
C'est l'«essayiste» que le premier volume, Œuvres I. Le Réveil de l'âme, révélera au lecteur. Ce volume le conduit des petits récits et de la poésie des débuts aux souvenirs du grand âge, à travers les ouvrages de réflexion, depuis La Sagesse et la Destinée (1898) jusqu'au questionnement de L'Autre Monde ou le Cadran stellaire (1942). Au miroir de ses écrits, dont la plupart sont difficiles d'accès, l'esthétique de l'écrivain s'éclaire, dès lors qu'elle est liée à l'interrogation permanente du penseur sur le mystère de l'existence. Une ligne de force se dégage pourtant de ces textes épars : l'interprétation mystique du réel vu dans l'identité absolue de l'Esprit en nous et de la Nature en dehors de nous.
Notes à bâtons rompus, aphorismes, pensées, préfaces, interviews et comptes rendus, cette disparate de textes doit être lue comme la glose de l'œuvre dramatique, son éclairage indirect mais indispensable.
Le lecteur trouvera dans les deux tomes du Théâtre, Œuvres II. Théâtre I et Œuvres III. Théâtre II, le choix le plus complet des pièces de Maeterlinck qui ait jamais été publié — de La Princesse Maleine (1889) à La Princesse Isabelle (1935). Il ne manquera pas d'être frappé à la fois par la force révolutionnaire d'une dramaturgie fondée paradoxalement sur l'invisible, et par l'audace d'une écriture qui a libéré la scène française en renversant les conventions du théâtre psychologique et du réalisme, au nom de l'Inconnaissable.
Cette anthologie contient La Princesse Maleine, L'Intruse, Les Aveugles et Les Sept Princesses. Suivent dans un ordre chronologique Pelléas et Mélisande et les petits drames pour marionnettes : Alladine et Palomides, Intérieur et La Mort de Tintagiles. Viennent ensuite les pièces qui inaugurent le «deuxième théâtre» : Aglavaine et Sélysette, Ariane et Barbe-bleue, Sœur Béatrice et Monna Vanna. Outre L'Oiseau bleu, ont été retenues des pièces difficilement classables, telles Joyzelle, Le Miracle de saint Antoine et La Princesse Isabelle. Une place a été faite au théâtre de guerre : Le Bourgmestre de Stilmonde et Le Sel de la vie. En tout dix-huit pièces.
Chaque pièce est replacée dans le contexte de la carrière du dramaturge et dans l'histoire du théâtre. Il s'agit ici de permettre au lecteur de juger de la production théâtrale d'un auteur dont certaines pièces sont considérées comme annonciatrices de la modernité.
Ces deux volumes sont précédés d'un Essai sur le théâtre par Paul Gorceix.
Enfin, le dernier volume du coffret, La Vie de la nature, met en lumière l'aspect observateur de Maeterlinck. Il contient cinq essais, La Vie des abeilles, L'Intelligence des fleurs, La Vie des termites, La Vie des fourmis et L'Araignée de verre qui comptent parmi les travaux d'observation à la fois les plus stimulants et les plus originaux sur la vie naturelle.
Le succès de ces ouvrages fut immense — La Vie des abeilles dépassera les 250.000 volumes — : ils assurèrent au poète, dans le domaine des sciences naturelles, une popularité encore plus grande que celle de Jean-Henri Fabre |