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Face au public, Marie est assise dans le costume et l'attitude des conventions chrétiennes. L'actrice et le metteur en scène s'inspireront d'une uvre classique moisissant dans un musée voisin. Aidé du titre de la pièce, des indications du programme et de cette vision, le spectateur pensera :
«J'ai deviné : voici Marie, la mère d'un Dieu, dans toute sa majesté.»
Par la baie du fond, dans une lumière comme tamisée par un vitrail, paraît Jésus. Robe et pose que les peintres ont décrétées. Un silence pour permettre à chacun de se dire :
«J'ai compris ; voici Jésus, le Christ, dans toute sa splendeur.»
En scène, les deux personnages demeurent immobiles, comme statues de plâtre. Le spectateur se peut un long temps imprégner de cette atmosphère d'église.
Si le metteur en scène craignait de ne produire qu'imparfaitement, par la seule vision, la sensation voulue, il lui serait loisible de recourir à un accompagnement d'orgue
À la réflexion, il devra même en être ainsi. On cherchera un liturgique «Tantum ergo» ou quelque «Ave Maria».
Mais voici que soudain les personnages se meuvent. Marie se retourne. Jésus a un mouvement. Marie se lève. Jésus se précipite vers elle. Et c'est une effusion, incompréhensible à tous, contradictoire. Ce sont des êtres humains.
L'orgue s'est tu. Cette ouverture ne fut soulignée que de ces mots, répétés s'il est besoin :
Marie. Mon petit
Jésus. Maman
Et voici que commence la pièce.
Le premier acte se passe dans une maison de pêcheurs au bord du lac de Tibériade.
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