Académie Royale de Langue et de Littérature Françaises de Belgique
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Gustave Vanzype

Gustave Vanzype / Photo © Van Assche Membre belge littéraire du 19 août 1920 au 12 septembre 1955.
Successeur : Suzanne Lilar
Fauteuil 13

Biographie

Gustave Vanzype naît à Bruxelles le 10 juin 1869, d'un père d'origine brugeoise et d'une mère née en Hollande, à Maestricht. Mais c'est le français que l'on pratique dans son milieu. Il a six ans lorsque son père, qui est organiste, quitte le foyer familial, abandonnant son épouse et ses trois enfants. Marqué par cette séparation, il a la douleur de perdre sa mère à l'entrée de l'adolescence. Il a quatorze ans, se soumet difficilement aux directives de son tuteur qui veut l'initier aux affaires. Le futur écrivain s'enfuit à Paris, où il mène une existence misérable et effectue de menus travaux pour subsister. Bientôt acculé, il se décide à rentrer en Belgique. Désargenté, c'est à pied qu'il effectue le trajet Paris-Bruxelles. L'expérience l'a endurci; il décide de se débrouiller seul. Attiré par la littérature, il choisit la voie du journalisme.

À dix-huit ans, il fait partie de la rédaction du Rapide de Flor O'Squarr. L'année suivante, il passe à La Nation dirigée par Victor Arnould, et en même temps à L'Étoile belge. En 1890, il entre à La Gazette, fraîchement fondée. Il y prend en charge un grand nombre de rubriques, effectue des reportages et des interviews, notamment en 1888 celles de Charles Wœste, d'Émile Banning, conseiller intime de Léopold II, et de Villiers de l'Isle-Adam, dont il gardera le souvenir brûlant et fantastique. Ses goûts vont déjà à la chronique théâtrale et à la critique artistique. Vanzype occupe bientôt la fonction de rédacteur en chef de La Gazette; il s'acquittera de cette tâche jusqu'à la première guerre mondiale.

Dès 1890, sa fascination pour la scène se concrétise dans une première pièce en un acte, intitulée Le Père. Faut-il y voir une allusion au chagrin de son enfance? Dans les drames qui vont suivre (sept publications jusqu'en 1899), Vanzype est proche de la veine naturaliste. Son message est avant tout émotionnel; habitué à faire front aux difficultés de la vie, il charge son théâtre d'intentions moralisatrices et l'entoure de considérations amères qu'il met dans la bouche de ses personnages. En 1942, puis en 1952, quand il réunira en deux tomes sa production vouée à la scène, il écartera toutes les pièces antérieures à 1907.

Vanzype s'essaie aussi au récit d'imagination. Des recueils de contes voient le jour : Histoires bourgeoises. Foi cruelle, en 1892 et L'Instinct, en 1901, ainsi que deux romans, Claire Fantin, en 1900 et La Révélation, en 1904. À une exception près (Les Hôtes du soir, des nouvelles, en 1920), toute sa production dans ce domaine est contenue dans ces titres. C'est sans doute la part la moins représentative de son œuvre ; le lecteur y retrouvera l'inspiration naturaliste, sous une plume qui possède l'art de raconter des histoires émouvantes et édifiantes.

Jusqu'à la première guerre mondiale, Vanzype s'adonne à la publication régulière de plusieurs ouvrages consacrés à la critique d'art. Dans Nos peintres, trois volumes de 1904 et 1905, il réunit des chroniques sur plus de vingt artistes belges, de Lynen à Stobbaerts, de Smits à Gilsoul, de Delvin à Verheyden. Son intention est de livrer au public ses impressions sensibles, afin de permettre une approche plus directe de l'œuvre d'art. Il consacre des études à Eugène Laermans, à Frans Courtens et à Alphonse Asselberghs, et fait paraître la première monographie en français sur Vermeer de Delft. Jusqu'à la fin de sa vie, il se passionnera pour l'œuvre de nos artistes. Il s'intéressera à Verwée, à Leys, aux frères Stevens, à Hippolyte Boulenger, à Opsomer; il écrira des textes sur Rubens (1942). Il publie aussi des études d'ensemble sur l'art belge au XIXe siècle. Ses qualités et ses compétences de critique d'art le feront élire dans la Classe des beaux-arts de l'Académie royale de Belgique.

Les qualités littéraires de Vanzype trouvent aussi leur plein épanouissement dans le théâtre. Avant la guerre, Les Étapes, en 1907, où l'auteur met en scène l'habituel conflit des générations et Les Liens, en 1912, qui centre l'action sur l'hérédité et ses conséquences, triomphent sur les scènes bruxelloises. Le conflit terminé, il est nommé, en 1918, rédacteur en chef de L'Indépendance belge. Vanzype fait autorité en tant que spécialiste des reportages; il en rassemble quelques-uns dans un recueil, Le Prologue du drame, publié en 1935. Il détaille notamment les visites du roi Albert à Berlin ou à Paris et la guerre dans les Balkans.

Le 5 février 1919, pour sa réouverture, le Théâtre du Parc à Bruxelles met à son programme Les Semailles, une pièce en trois actes qui récolte un véritable triomphe. Vanzype est au sommet de son talent de dramaturge et concentre l'action sur le thème de la foi en l'humanité et de l'optimisme nécessaire après les drames vécus en temps de guerre. Mais la création de l'Académie royale de langue et de littérature françaises, en 1920, change le cours de son destin. Désigné par le roi parmi les premiers membres, il est choisi pour être le secrétaire perpétuel de la nouvelle compagnie, une lourde charge qu'il occupera jusqu'en 1946. Il continue à collaborer à de nombreuses revues : Le Flambeau, L'Éventail, la Revue belge, Cassandre, La Vie wallonne, La Revue des artistes. Il écrit des essais, sur Bruxelles, en 1920, et sur les sensations procurées par la peinture, en 1929, dans les Méditations devant des images. En 1939, il rassemble ses souvenirs de jeunesse dans Au temps du silence.

La passion qu'éprouve Vanzype pour le théâtre est restée intacte. Quatre pièces vont encore voir le jour : Les Visages en 1922, Les Autres en 1925, Les Forces en 1930 et Seul en 1935. Il développe toujours une thèse morale et s'attache à rendre perceptibles les conflits de conscience que vivent ses héros, qu'il s'agisse d'une passion amoureuse, d'un drame familial ou de la pratique du pouvoir. Ses œuvres revêtent le caractère d'un théâtre d'idées, qui doit aider l'homme à mieux assumer son destin.

Gustave Vanzype avait épousé la romancière Julia Frézin, qui était aussi un sculpteur au talent reconnu. Il est mort à Bruxelles le 12 septembre 1955.

– Jean Lacroix



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