Académie Royale de Langue et de Littérature Françaises de Belgique
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Emmanuel Walberg

Emmanuel Walberg / Photo © ARLLFB Membre étranger philologue du 10 octobre 1931 au 27 novembre 1951.
Prédécesseur : Kristoffer Nyrop
Successeur : Arthur Långfors
Fauteuil 35
BIOGRAPHIE

Emanuel Walberg naît le 24 décembre 1873 à Lund, dans une famille d'enseignants. Son père était professeur de philologie grecque, d'abord à Uppsala, puis à Lund; son grand-père du côté maternel était professeur de linguistique et de littérature moderne (français et anglais) à l'Université de Lund. Le jeune Walberg fait ses études moyennes au lycée de sa ville natale, où il a comme professeur de français le romaniste Johan Vising, spécialiste de la littérature anglo-normande. À l'Université de Lund il a comme maître l'hispanisant Edvard Lidforss, très célèbre dans son pays pour avoir traduit Don Quichotte en suédois, et Fredrik Wulff, phonéticien et spécialiste de la littérature médiévale française et italienne, qui sera titulaire de la chaire de philologie romane en 1901. Il suit, à Paris, les cours de Gaston Paris et de Paul Meyer et, à Bonn, ceux de Wendelin Fœrster, qui exerce une profonde influence sur lui.

Sa thèse de doctorat, une édition critique du Bestiaire de Philippe de Thaün faite d'après trois manuscrits connus, est publiée à Paris et à Lund en 1900. Gaston Paris en fait aussitôt un compte rendu très élogieux dans la Romania.

Il devient chargé de cours à la Faculté des lettres de l'Université de Lund la même année. En 1910, il sera professeur, succédant à Fredrik Wulff. Il ne continue pas à travailler sur les bestiaires ou sur Philippe de Thaün, mais complète sa formation en étudiant l'espagnol et les parlers rhéto-romans. Cela lui permet de publier, dès 1904, des textes espagnols : Las Ordenes militares de Calderon, l'Ejemplar poético de Juan de la Cueva et La gramatica castellana d'Antonio de Lebrija. Il recueille des matériaux sur place dans la région de la Haute-Engadine, et livre quatre études sur le dialecte local, notamment, en 1909, Saggio sulla fonetica del parlare di Celerina-Creste. En dehors de ces écrits, il restera fidèle, tout au long de sa carrière, à la philologie médiévale française.

Fredrik Wulff, qui préparait depuis longtemps une édition critique des célèbres Vers de la mort d'Hélinant, moine de Froidmont, associe Emanuel Walberg à son entreprise. L'édition parait en 1905 dans la collection des Anciens textes français du moyen âge et est accueillie comme un travail de grande qualité.

Pendant plusieurs années, Emanuel Walberg se consacre à l'étude et à l'édition de textes hagiographiques. En 1909, il fait paraître Deux anciens poèmes inédits sur saint Simon de Crépy, avec une introduction, des notes et deux glossaires. Sa grande édition critique de La Vie de saint Thomas Becket le martyr de Guernes de Pont-Sainte-Maxence, poème historique du XIIe siècle, paraît en 1922 à Lund. L'imposant volume de cette édition sera réduit pour la collection des Classiques français du moyen âge. En 1926, Emanuel Walberg réunit dans un volume, intitulé La tradition hagiographique de saint Thomas Becket avant la fin du XIIe siècle, plusieurs articles qu'il a publiés antérieurement (entre autres dans la Romania en 1915-1917, dans les Mélanges Antoine Thomas en 1927). L'ensemble de ses travaux sur l'archevêque de Cantorbéry témoigne d'une rare pénétration et d'une profonde érudition.

Bien qu'il n'ait pas eu à éditer des textes conservés dans un grand nombre de manuscrits (pour les Vers de la mort, c'est son maître et collaborateur Fredrik Wulff qui les a réunis et classés), il consacre un article dans la Zeitschrift für romanische Philologie (1931) aux méthodes de l'édition d'anciens textes. Après avoir exposé les opinions préconisées par divers savants (notamment par Joseph Bédier), il formule ses propres idées. Formé à l'école de Gaston Paris et de Wendelin Fœrster, Emanuel Walberg est resté fidèle à la méthode de Lachmann. Il ne lui a pas accordé une confiance aveugle, mais a toujours refusé d'accepter tel quel le témoignage d'un seul manuscrit. Son souci constant a été de servir au mieux l'auteur en donnant beaucoup de soin à la présentation de son texte.

Élu le 10 octobre 1931 comme membre étranger au titre philologique à l'Académie de langue et de littérature françaises, il est reçu le 5 novembre 1932 par Maurice Wilmotte. Dans son discours de réception, il fait un bel éloge de Kristoffer Nyrop, dont il est le successeur.

Quelques leçons, faites à l'École des chartes à Paris en 1934-35, donnent lieu à un volume, paru en 1936 sous le titre Quelques aspects de la littérature anglo-normande. De nombreuses notes ont été ajoutées au texte des leçons. Emanuel Walberg connaissait bien la littérature de langue française en Angleterre, pour laquelle Johan Vising avait suscité de l'intérêt en Suède. En outre, tous les manuscrits du poème de Guernes de Pont-Sainte-Maxence étaient anglo-normands.

À l'occasion de son éméritat, en 1938, ses élèves et ses amis scandinaves lui ont offert un volume de Mélanges. Emanuel Walberg poursuivra ses recherches. Il avait déjà publié des textes du recueil intitulé Le Tombel de Chartrose, qui en contient trente et un. Il s'agissait de deux poèmes sur saint Simon de Crépy, d'un poème allégorique Le Chant du roussigneul, de l'Histoire de maistre Silon et de La Vision de saint Foursi. Il édite, en 1946, neuf autres Contes pieux en vers du XIVe siècle tirés du même recueil. Cette édition, accompagnée d'une introduction détaillée sur la signification du titre, sur la langue et les sources des récits, est couronnée par l'Institut de France.

Emanuel Walberg est décédé à Lund le 27 novembre 1951. Ses travaux, de grande qualité, lui valurent l'estime de tous ses collègues de philologie médiévale. L'Institut de France l'appela en qualité d'associé étranger. L'Université de Dorpat (Tartu) lui conféra le titre de docteur honoris causa.

– Reine Mantou



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