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Sophie Basch

Sophie Basch Membre belge philologue
Élue le 12 mars 2016
Prédécesseur : Roland Mortier
Fauteuil 4

Biographie

Née à Bruxelles le 6 mai 1963, Sophie Basch a fait des études de philologie romane à l’ULB où elle suit, notamment, les cours de Marc Wilmet qui dirige son mémoire de stylistique consacré à la prose elliptique d’Henri-Pierre Roché, l’auteur de Jules et Jim. Mais sa véritable voie sera l’histoire littéraire. Disciple de Roland Mortier et de Raymond Trousson, inspirée par les travaux archéologiques de son père Lucien Basch, spécialiste de l’archéologie navale grecque, elle engage un doctorat consacré aux péripéties du philhellénisme, ce mouvement qui enflamma les écrivains et les artistes de l’Europe entière après le soulèvement des Grecs contre le joug ottoman en 1821. Dirigée par Raymond Trousson, soutenue en 1994, cette thèse paraît en 1995 sous le titre Le Mirage grec. La Grèce moderne dans la littérature française depuis la création de l’École française d’Athènes jusqu’à la guerre civile grecque (Paris-Athènes, Hatier-Kauffmann, 1995), qui reçoit en 1997 le prix de la Classe des Lettres de l’Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-arts de Belgique.

Après quelques années à la Réserve des livres précieux de la Bibliothèque royale de Belgique, Sophie Basch devient en 1998 professeur de littérature française à l’Université de Haute-Alsace (Mulhouse), qu’elle quitte pour l’Université de Poitiers en 2002 avant d’être élue membre de l’Institut universitaire de France (2003-2008) et professeur à l’Université Paris-Sorbonne (aujourd’hui Sorbonne Université) en 2007. Convaincue qu’un certain nombre d’écrits d’archéologues relèvent de la littérature au même titre que les œuvres d’écrivains consacrés, elle publie de nombreux ouvrages et articles traitant de la réception littéraire, savante et artistique de la Méditerranée orientale : Paris—Venise, 1887-1932. La «Folie vénitienne» dans le roman français, de Paul Bourget à Maurice Dekobra (Champion, 2000), Les Sublimes Portes. D’Alexandrie à Venise, parcours dans l’Orient romanesque (Champion, 2014), édite le Voyage à Constantinople du Duc de Brabant, le futur Léopold II (Complexe, 1997), les Ruines et paysages d’Égypte de Gaston Maspero (Payot, 2000), le Voyage en Orient de Lamartine (Gallimard, 2011) et ses Discours sur la Question d’Orient (avec Henry Laurens, Complexe, 2011), L’Orient de Théophile Gautier (Gallimard, 2013), Les Désenchantées de Pierre Loti (Gallimard, 2018). Elle dirige ou co-dirige par ailleurs plusieurs recueils consacrés à des mouvements intellectuels ou à des figures majeures de l’hellénisme et de l’orientalisme savant, saisis dans de nouvelles périodisations : La Métamorphose des ruines. L’influence des découvertes archéologiques sur les arts et les lettres (1870-1914) (École française d’Athènes, 2004), Le Voyage en Grèce. Du périodique de tourisme à la revue artistique. 1934-1939 (avec Alexandre Farnoux, École française d’Athènes, 2006), Pitres et pantins. Transformations du masque comique, de l’Antiquité au théâtre d’ombres (avec Pierre Chuvin, Presses universitaires de Paris Sorbonne, 2007), Alexandria ad Europam (avec Jean-Yves Empereur, Institut Français d’Archéologie Orientale, 2007), Les Frères Reinach (avec Michel Espagne, Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 2008), Portraits de Victor Bérard (École française d’Athènes, 2015). En 2017 elle est responsable, avec Nilüfer Göle, du Cahier de L’Herne consacré à l’écrivain turc Orhan Pamuk, prix Nobel de littérature.

L’intérêt de Sophie Basch pour l’Orient est loin d’être exclusif, comme en témoigne l’attention qu’elle porte à une autre passion romantique : le cirque, les marionnettes et les spectacles populaires, auxquels elle consacre un volume en 2002 dans la célèbre collections «Bouquins» chez Robert Laffont, réunissant sept Romans de cirque publiés entre 1870 et 1914, alors que Paris était la capitale de ce spectacle célébré notamment par les Goncourt. Elle démontre que l’écho du cirque dans la littérature est équivalent à son impact artistique, étudié par Jean Starobinski dans le Portrait de l’artiste en saltimbanque.

Au cours des dernières années, les recherches de Sophie Basch croisent de plus en plus fréquemment l’histoire littéraire et l’histoire de l’art et l’amènent à contribuer à différents catalogues d’exposition au Grand Palais, au Centre Pompidou, au Musée d’art contemporain Goulandris, au Musée Delacroix, au Musée des Impressionnismes à Giverny.

Tout en ayant des auteurs de prédilection, comme Alphonse de Lamartine, Théophile Gautier, Gérard de Nerval ou Pierre Loti, Sophie Basch n’a jamais souhaité attacher son nom à l’étude exclusive d’un écrivain. En 2014 elle consacre toutefois un ouvrage entier à Marcel Proust dans la collection «Le Champ proustien», chez Brepols : Rastaquarium. Marcel Proust et le «modern style». Arts décoratifs et politique dans À la recherche du temps perdu. Le sujet en est neuf. L’expression «modern style», qui revient cinq fois dans la Recherche, n’avait jamais vraiment été élucidée. Contrairement à une idée reçue, ce n’est en rien le nom anglais de l’Art nouveau. Cet anglicisme bien français désigne un renouveau international des arts décoratifs qui, mêlant esthétique et idées sociales, fascine et inquiète. Proust a parfaitement perçu et discrètement souligné l’inspiration cosmopolite et «rastaquouère» d’un courant artistique dont le bref épanouissement coïncide avec les années de l’affaire Dreyfus. Toujours abordée de façon fragmentaire, la question des arts décoratifs chez Proust n’avait jamais été traitée dans son ensemble, seule manière de saisir les réseaux de correspondances si chères à l’écrivain.

Poursuivant ses enquêtes à l’intersection des arts et de la littérature, Sophie Basch confie en 2020 son dernier essai aux Éditions de l’Académie : Souvenir des Dardanelles. Les céramiques de Çanakkale, des fouilles de Schliemann au japonisme.

– ARLLFB

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Discours de réception (séance publique du 8 octobre 2016)



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