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Membre étranger littéraire du 20 mai 1922 au 24 mai 1934.
Successeur : Eugénio de Castro
Fauteuil 36 |
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BIOGRAPHIE
Mû par des principes humanitaires qu'il défendit sans faillir, et par son inébranlable foi dans la victoire des principes sur l'opportunisme, Brand Whitlock fut journaliste, politicien, avocat, diplomate, et écrivain de talent. C'est à ce titre que l'Académie l'élut le 20 mai 1922.
Durant son enfance, deux influences le marquent : celle de son père, ministre méthodiste, qui lui inculque le sens de la responsabilité personnelle et lui communique son amour de la langue et de la littérature anglaises, et celle de son grand-père maternel antiesclavagiste et réformiste. Contre le gré de ses parents, il choisit la profession de journaliste qu'il pratique de 1887 à 1893, à Toledo, Ohio, puis à Chicago. Dans cette ville se manifestent son intérêt pour la politique réformiste et ses ambitions littéraires : il commence à écrire des uvres de fiction. Elles ne rencontrent aucun succès auprès des éditeurs.
Envoyé à Springfield, Illinois, il se lie d'amitié avec Peter Altgeld, politicien réformiste et gouverneur de l'Illinois. Whitlock abandonne le journalisme et, de 1893 à 1897, est le chef de cabinet (chief clerkship) du secrétaire d'État de l'Illinois. En 1897, Altgeld n'est pas réélu à la suite du pardon qu'il a accordé à trois hommes accusés, injustement selon lui, de conspiration lors d'émeutes de travailleurs. Brand Whitlock retourne à Toledo pour pratiquer le droit, qu'il a étudié entre-temps, et aussi pour écrire. En juillet 1898, sa première publication, The Pardon of Thomas Wahlen, relate les événements consécutifs au pardon octroyé par Altgeld. Cette nouvelle aborde un thème qui reviendra dans l'uvre de Whitlock : la difficile réconciliation entre la justice et la légalité.
L'intrigue de The Thirteenth District, roman publié en mars 1902, est basée sur les traditions de la politique partisane du XIXe siècle dans le Midwest. L'auteur y ajoute ses observations faites à Springfield sur la corruption du monde politique par le monde des affaires. Deux romans politiques suivent en 1904. L'un, Her Infinite Variety traite d'une manière ironique du rejet d'un amendement relatif au droit de vote des femmes dans la législation de l'Illinois. Cet amendement, un jeune politicien et une femme émancipée, en combinant leurs forces, pourront un jour le faire accepter. L'autre roman, The Happy Average, décrit à la fois une liaison amoureuse et le changement, dans l'Ohio, d'une société rurale en une société industrielle stratifiée par l'argent et les préjugés.
Dans ces trois romans apparaissent deux tendances qui, par la suite, caractériseront Whitlock : il est réaliste dans ses écrits, et jeffersonien en tant qu'homme convaincu du triomphe final de l'idéal démocrate.
De 1905 à 1913, en sa qualité de maire de Toledo, il combat le monopole d'une puissante compagnie, refuse d'appliquer les lois extrêmement sévères réglementant la moralité et la conduite, s'élève contre la peine de mort. Dans un essai, On the Enforcement of Law in Cities, il démontre que la compassion et la pitié sont plus efficaces que la force pour imposer l'ordre dans les villes. En 1907 paraît The Turn of the Balance, roman dans lequel sont condamnées les iniquités et l'injustice qui règnent dans les cités industrielles américaines. Les faits décrits ne corroborent pas l'optimisme de l'auteur, mais il réaffirme malgré tout sa foi en la justice humaine plutôt qu'en la justice légale.
Durant les cinq dernières années de ses fonctions de maire, Whitlock écrit des articles sur le gouvernement théorique et pratique, des nouvelles et Abraham Lincoln, une brève biographie qu'il traduira plus tard en français. Les nouvelles sont rassemblées en deux volumes : The Gold Brick (1910) et The Fall Guy (1912). Certaines d'entre elles sont un peu trop marquées par le sentimentalisme et l'extrême simplification de thèmes complexes.
Avec son autobiographie Forty Years of It, il dit adieu à la vie politique. Le 1er janvier 1914, Whitlock prend en effet ses fonctions de ministre américain à Bruxelles. Il ne les abandonne pas pendant l'occupation allemande, ses activités consistant alors à essayer d'atténuer l'inhumanité de la guerre. Belgium : a Personal Narrative (1919) s'inspire de ses documents personnels et de son journal de cette période.
Nommé ambassadeur à Bruxelles en 1919, il démissionne de ce poste en 1922. De 1923 à 1934, année de sa mort, il écrit huit ouvrages dont deux seulement sont importants : un roman, J. Hardin & Son, et une biographie, La Fayette (1929), qui détruit le mythe du jeune noble français romantique et donne le portrait d'un homme conservant son idéalisme face à l'exil et souffrant de l'inévitable solitude du réformiste libéral.
À sa mort, le 24 mai 1934, Whitlock laisse le manuscrit d'un roman qui sera publié en 1978 sous le titre The Buckeyes.
En 1935, à l'occasion de l'hommage que rendit à Brand Whitlock l'American Academy of Arts and Letters, l'Académie envoya à celle-ci un message qui témoigne de l'estime en laquelle elle tenait cet homme remarquable : «Tous les Belges ont voué à Brand Whitlock de la reconnaissance pour son rôle tutélaire et courageux à l'heure où leur pays était opprimé. Mais les écrivains de Belgique lui doivent une particulière gratitude : il s'est passionnément intéressé à leur tâche, même lorsque, dans les dernières années de sa vie, il vivait loin d'eux. Pourtant, ce ne fut pas pour manifester cette gratitude que les écrivains de l'Académie belge élirent Brand Whitlock; ce fut pour exprimer leur admiration à l'auteur de très beaux livres d'inspiration toujours généreuse, au fervent serviteur de l'Art, à l'homme au grand cur.»– Andrée Art
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