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Composition


Horace Van Offel

Horace Van Offel / Photo © Le Soir (Bruxelles) Membre belge littéraire du 11 janvier 1936 au 6 octobre 1944.
Prédécesseur : Arnold Goffin
Successeur : Paul-Henri Spaak
Fauteuil 21

Biographie

Horace Van Offel naît à Anvers le 22 septembre 1876. Son père y est teinturier-mercier, mais c'est aussi un homme cultivé dont la maison est fréquentée par des artistes locaux. Le futur écrivain, qui a deux frères et deux sœurs, a la douleur de perdre sa mère durant la petite enfance. Il suit les cours de l'Académie des Beaux-Arts d'Anvers dès l'âge de neuf ans. Il poursuivra cet apprentissage artistique en accomplissant des humanités gréco-latines.

Van Offel aime l'aventure. Âgé de quinze ans, il s'engage à l'école régimentaire du 6e de ligne, en réalité un pensionnat pour collégiens en uniforme. Ce contact avec l'armée n'est pas positif et en 1900, il obtient son congé définitif. Le jeune homme lit beaucoup. Il admire Pœ, Baudelaire, Villiers de l'Isle-Adam, Barbey d'Aurevilly mais aussi Jules Verne et Eugène Sue. À Anvers, il fréquente éditeurs et artistes. Ses frères ont tous deux suivi la voie académique. Ils s'illustreront dans le domaine du dessin et de la peinture. Van Offel fait la connaissance de Charles Bernard, auquel il apprend l'escrime, art dans lequel il est passé maître. Il publie ses premiers textes dans le Spectator d'Anvers, des contes, mais il hésite encore sur sa vocation. L'écriture l'emporte. Dès 1905, paraît un ouvrage tiré de ses souvenirs de régiment : Une armée de pauvres, qui critique ouvertement l'armée et le système de remplacement nuisible aux recrues les plus démunies. Contre toute attente, ce pamphlet sévère est bien accueilli, notamment par Eekhoud et Picard. Encouragé, Van Offel publie l'année suivante Les Enfermés, réquisitoire courageux contre la discipline excessive des pénitenciers militaires du début du siècle.

Van Offel est tenté par le théâtre; deux pièces d'inspiration symboliste naissent en 1907. Il se marie et veut se fixer à Paris, où il ne demeure que six mois. Il installe alors un commerce d'antiquités et d'objets d'art à Anvers, où il fait la connaissance d'Elskamp, avec lequel il se lie d'amitié. Mais ses affaires vont mal, les huissiers le harcèlent. Il s'établit à Bruxelles et connaît la pauvreté. Il fréquente le café Hulstkamp, où il rencontre Crommelynck, Marlow ou Mockel, mais aussi les hôtes de passage, Zweig, Apollinaire ou Stuart-Merrill. Il est récompensé en 1909 par un beau succès au théâtre : La Victoire, qui dépeint de manière idéaliste le combat contre la souffrance.

Van Offel veut se fixer encore une fois à Paris, où Crommelynck, qui vient de s'y installer, l'aide financièrement; c'est un nouvel échec. L'amitié entre les deux écrivains se prolongera jusqu'en 1922, date de la rupture des relations par Crommelynck. Van Offel accepte un emploi de rédacteur au Carillon d'Ostende et fait la connaisance de Willy, pour lequel il écrit des contes que le mari de Colette signera. Il publie une dernière pièce de théâtre, inspirée des goûts élisabéthains, Une nuit de Shakespeare, en 1913. À partir de cette date, il se consacre entièrement au roman et au court récit, tout en donnant à La Chronique de Bruxelles des articles sous forme d'apologues, et au Passant des contes et des dessins. Les parutions de Van Offel sont régulières. Il écrit un roman, L'Exaltation, qui ne sera publié qu'en 1919 et sera évoqué pour le prix Goncourt. L'action se déroule dans les milieux artistiques et aventureux du port d'Anvers, sa ville natale, cadre qui reviendra souvent dans ses livres. La première guerre mondiale l'incite à reprendre du service; il est instructeur, puis sous-lieutenant en France, à Rouen, où il combattra pendant quinze mois. Après le conflit, il s'installe à Paris, pour longtemps cette fois, essaie de gagner sa vie en faisant des caricatures et collabore à Fantasio auquel il donne des récits galants. En 1917, il publie des contes, Les Nuits de garde, qui lui valent un contrat de dix ans chez Albin Michel, pour dix romans. Il donne en même temps des textes au Journal et au Mercure de France. Le succès lui sourit. Il publie plusieurs romans réalistes : L'Oiseau de paradis (1917), Le Don Juan ridicule (1918) et Le Tatouage bleu (1919). Des traductions de ses livres paraissent en plusieurs langues.

Van Offel se lance dans le roman historique. Bientôt reconnu comme un spécialiste du genre, ses histoires de cape et d'épée le font surnommer par maints critiques le Dumas belge. C'est une période de création féconde. On relève dans cette vaste production Le Peintre galant qui raconte la vie de Van Dyck, La Terreur fauve, satire du bolchevisme (1922) et Les Deux Ingénus (1924), qui narre les amours contrariées de deux adolescents. À cette occasion, Van Offel reçoit le Prix triennal de littérature pour l'ensemble de son œuvre. Autodidacte, il a peu à peu acquis un style d'une grande qualité. Il est au mieux de sa forme dans les épopées et les aventures hautes en couleurs de personnages en proie à des complots et à des intrigues, comme dans La Rose de Java (1926) qui se déroule sur les mers du Nord et du Sud ou Le Colonel de Saint-Edme (1927), récit napoléonien. Le Jongleur d'épée (1930) a pour cadre le Bruxelles du XVIIIe siècle, Le Casse-tête malais (1931) est un roman policier qui se situe dans les milieux populaires de Paris, La Passion mexicaine (1932) évoque la fin tragique de l'empereur Maximilien.

Des ennuis familiaux et financiers assombrissent la vie de Van Offel. Il regagne Bruxelles. En 1936, paraît Le Gueux de mer, sans doute son roman le plus accompli, épisode du XVIe siècle dominé par la guerre entre l'Espagne et la Hollande. La même année, il écrit un Léopold III roi des Belges puis d'intéressantes Confessions littéraires en 1938.

Van Offel est élu à l'Académie le 11 janvier 1936. En mai 1940, il choisit de faire partie de l'équipe du Soir d'obédience nazie, où il devient rédacteur en chef. Il y publie des articles à la gloire d'Hitler. À la Libération, il se réfugie dans sa patrie d'adoption, où il meurt, à Fulda, le 6 octobre 1944. Le 21 octobre, dans le cours de sa première séance d'après la Libération, l'Académie prononce son exclusion pour avoir notoirement servi les desseins de l'occupant. Un arrêté du Régent confirme sans délai cette décision.

– Jean Lacroix



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