À propos du livre
Curieusement, il est une phalange d’esprits qui sut mieux
que toute autre prendre le prince de Ligne dans ses filets. C’est celle qui, née de la Société Littéraire de Bruxelles fondée par sa chère Marie-Thérèse d’Autriche, prit quelques années après le centenaire de sa mort la forme de l’Académie Royale de Langue et de Littérature Françaises de Belgique. Il y fut, dès les premiers temps de son existence, abondamment honoré, fêté et commenté par une cohorte d’admirateurs qui surent le sonder, le comprendre, le décrypter quelquefois. Lorsque l’on examine sa bibliographie critique, on ne peut que convenir que quelques-uns de ses meilleurs exégètes siégèrent dans cette compagnie dont il fut, en quelque sorte, membre avant la lettre.
Les grands historiens de la littérature, souvent dixhuitièmistes, que sont Gustave Charlier, Roland Mortier et Raymond Trousson l’ont abordé avec l’extrême érudition qui est la leur. Selon leurs tempéraments respectifs, Carlo Bronne, Georges Sion et Marcel Thiry se sont découvert avec lui des
affinités véritablement électives. Sophie Deroisin, qui ne fut pas membre de l’Académie, avait également sa place dans cet ensemble, en raison d’un article de sa main qui fut repris dans le Bulletin d’une part, et, d’autre part, de sa superbe monographie dont l’Académie assura la réédition, sur la recommandation de Simon Leys. Il tint d’ailleurs à préfacer l’ouvrage d’un texte repris plus tard dans l’une de ses superbes collections d’essais. Oui, Ligne trouva chez ces académiciens belges des adeptes de haut lignage, dont la lignée fut inaugurée par Louis Dumont-
Wilden. Il s’imposait, à l’occasion de son bicentenaire, d’aligner les écrits qu’ils lui ont consacrés. |