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Composition


Charles Bertin

Charles Bertin / Photo © Nicole Hellyn Membre belge littéraire du 18 novembre 1967 au 21 octobre 2002.
Prédécesseur : Pierre Nothomb
Successeur : François Emmanuel
Fauteuil 29

Biographie

Né à Mons le 5 octobre 1919, neveu et filleul de Charles Plisnier, à qui il
gardera une fervente fidélité, Charles Bertin fit des études de droit, il fut avocat au barreau de Mons de 1942 à 1947 et chef de cabinet adjoint du ministre du Travail, entama ensuite une carrière de haute administration. Son activité littéraire le mena à la présidence de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques, où il fut très actif en faveur des dramaturges et de la politique théâtrale.

Lorsqu’il entre en écriture, c’est vers la poésie qu’il se tourne naturellement. Ses premiers vers sont remarqués par Paul Valéry, ceux de Psaumes sans la grâce (1946) et de Chant noir (1949) lui gagnent l’estime et l’amitié de Marcel Thiry dont il deviendra l’exécuteur testamentaire. Une assurance prosodique souveraine, un lyrisme douloureux posent ici la voix d’un écrivain hanté par le sentiment de la solitude humaine.

C’est ce sentiment qui lui fournit l’argument de sa première pièce, Don Juan, laquelle lui vaut, l’année même de sa création (1947), le prix triennal du théâtre. Tout fidèle qu’il soit au mythe, son Don Juan n’en fait pas moins entendre un accent nouveau lorsque le séducteur brûle de céder à l’innocence d’Anne d’Ulloa, jusqu’à ce que finalement son démon triomphe de cette éphémère espérance : «Je suis né pour détruire.» 

Après la solitude de l’amour, sa deuxième pièce, Christophe Colomb, explore la solitude du pouvoir et de la gloire. Dans l’étroite cabine du Santa Maria il s’agit moins pour le découvreur d’identifier un continent inconnu que d’apaiser l’orgueil qui le brûle. L’action se déroule en mer, soit dans le poste de commandement, soit sur le pont du navire amiral où le chœur des marins commente, comme dans le théâtre antique. 

Inaugurant ensuite une nouvelle forme d’écriture, Bertin publie son premier roman, Journal d’un crime, chez Albin Michel en 1961. Le héros du livre, responsable involontaire du suicide d’un inconnu, poursuit avec lui-même, avec son personnage, un dialogue sans concession. Trois ans plus tard, Le Bel Âge vaut à son auteur le prix Rossel et le prix triennal du roman : une jeune femme impose ses libertés à une ville de province à laquelle, on le devine, Mons a servi de modèle. L’alacrité de l’intrigue et une écriture tout en finesse font songer à Radiguet et l’auteur prend distance à l’égard de son habituelle austérité. Cette liberté d’approche éclaire aussi deux pièces : L’Oiseau vert, une brillante adaptation d’un canevas de Gozzi, et Le Roi Bonheur, un conte philosophique dans lequel un souverain désespéré propose à ses sujets de retourner à l’ordre enchanté de l’enfance.

Après plusieurs années de silence, Charles Bertin publie Les Jardins du désert (Flammarion, 1981, prix Jules Verne, grand prix du roman de la Société des gens de lettres), que l’on peut tenir pour l’un des très grands romans de notre temps. À la suite du Grand Éclair, un cataclysme atomique, l’humanité se trouve réduite à une petite communauté d’artisans, de pêcheurs et d’agriculteurs rassemblés sur une île méditerranéenne. Ils vivent sous un régime de théocratie pastorale. À sa tête, un pontife qui détient toute l’autorité : le Très-Saint. Parvenu à son grand âge, il entame son récit à l’instant où une sécheresse sans précédent fait planer sur son peuple la menace d’une fin certaine. 

Bibliographie

  • Trois poèmes, poésie, Bruxelles, La Maison du Poète, 1944.
  • Don Juan, théâtre, Bruxelles, Éditions De Visscher, 1947.
  • Psaumes sans la grâce, poésie, Bruxelles, La Maison du Poète, 1947.
  • Chant noir, poésie, Bruxelles, Éditions des Artistes, 1949.
  • Journal d'un crime, roman, Paris, Albin Michel, 1961.
  • L'Oiseau vert, théâtre, Bruxelles, Éditions Brepols, 1963.
  • Charles Plisnier. Les meilleures pages, essai, Bruxelles, La Renaissance du Livre, 1964.
  • Le Bel Âge, roman, Paris, Albin Michel, Paris, 1964.
  • Le Roi Bonheur, théâtre, Bruxelles, Éditions André De Rache, 1966.
  • Christophe Colomb, théâtre, Bruxelles, Éditions André De Rache, 1966.
  • Je reviendrai à Badenburg, théâtre, Bruxelles, Éditions André De Rache, 1970.
  • Cinquante ans de théâtre en Belgique, essai, Bruxelles, SABAM, Bruxelles, 1973.
  • Les Jardins du désert, roman, Paris, Flammarion, 1981.
  • Le Voyage d'hiver, roman, Lausanne, L'Âge d'Homme, Lausanne, 1989.
  • Charles Plisnier, une vie et une œuvre à la pointe du siècle, essai, Bruxelles, Le Talus d'approche, Bruxelles, 1996.
  • La Petite Dame en son jardin de Bruges, récit, Arles, Actes Sud, 1996
  • Marcel Thiry, essai, Bruxelles, Édtions de l'ARLLFB, 1997.
  • En mémoire d'une passion. Editions Originales du XXè siècle. Manuscrits et lettres autographes. Exposition du Fonds Charles et Colette Bertin au Musée Royal de Mariemont, catalogue, Éditions du Musée, 1999.
  • Les Fêtes du hasard, poésie, Écaussines, Éditions Alain Regnier, 1999.
  • Jadis, si je me souviens bien, nouvelles, Arles, Actes Sud 2000.
  • L'art et les hommes, essai, Bruxelles, Le Grand Miroir, 2002.
  • Ode à une façade en fleurs, poésie, Châtelineau, Le Taillis Pré, 2002.
  • Théâtre, Bruxelles, Édtions de l'ARLLFB, 2002.

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